Chapitre 16 – L’Amazone – Tome 1

Rappel de notre raison d’être (L’Amazone, Chapitre 16)

Kayla me repoussait dans mes retranchements et enchaînait les coups pour m’ahurir et me laisser peu de temps pour récupérer. Mon dos s’encastra violemment sur le coin du ring de la salle de boxe. Je n’avais pas d’armure pour me protéger, juste des gants de boxe, très superflus quand on imagine la force de frappe de mon adversaire. Cela faisait bien longtemps depuis le début de l’entrainement que la mousse de ces derniers n’absorbait plus les coups. A croire que cela était voulu, qu’il s’agissait d’un complot pour me pousser dans mes retranchements. Même si je cherchais au tout début à ne faire qu’un avec mon âme de guerrière pour me montrer efficace le jour du grand combat, je la laissais au placard pour certains entrainements afin d’améliorer mes propres compétences. Je n’étais pas du genre anxieux mais j’aimais me sentir préparer à toute situation. Imaginons que la connexion ne se fasse pas le jour du combat, il me fallait savoir me défendre le temps de me mettre à l’abri et réévaluer la situation. Je m’autorisais ce type de challenge quand mon partenaire de sparring me le permettait. J’avais toute confiance en Kayla et je lui avais expliqué ce que j’aspirais à faire en amont. Ne s’étant jamais posé la question depuis qu’elle avait reçu « flambeau », elle ne voyait pas vraiment l’intérêt de ma démarche mais elle consentait à ne rien dire et me laissait faire. Le dernier enchaînement qu’elle venait de placer m’avait coupé le souffle. Les middle kicks pouvaient passer mais le crochet au niveau des côtés m’avait désorientée. Je ne voulais pas lui montrer car elle m’aurait sûrement sermonnée sur le fait de laisser ma guerrière prendre le dessus. Il en avait fallu de peu pour qu’elle touche le foie et me laisse techniquement KO. Mon corps était moite de sueur et je sentais les gouttes perler et couler le long de mon front. Mon regard désorienté balayait sans s’arrêter notre complexe sportif. L’odeur de transpiration se révélait être le parfum d’ambiance habituel de cette salle mais elle n’avait rien des salles de boxe que l’on pouvait voir dans les films. Les équipements étaient bien sûr similaires mais tout semblait neuf et de couleurs vives.
Rassemblant le peu de ressources qu’il me restait, je me concentrai pour placer à mon tour un enchainement rapide, qui me laisserait rentrer dans sa garde et avec un peu de chance me laisserait un peu de temps pour reprendre mon souffle et élaborer une nouvelle stratégie d’attaque. C’est ce que je fis, mais très vite, je perçus le danger d’être dans la garde d’une personne qui ne connaissait pas tout à fait la signification du mot fatigue. J’essuyais une nouvelle défaite dans la matinée, ce qui me mit de mauvaise humeur à l’heure du déjeuner. Kayla n’avait pas pris la peine de me morigéner sur mon expérience de ce matin. Je n’aurais pas été très réceptive à sa critique de toute façon.
Arrivée à la cantine après un passage au vestiaire et sous la douche, Kayla et moi retrouvions les filles, dont la conversation semblait particulièrement animée. Le débat du jour : est-ce que les amazones pourraient facilement remporter les défis de l’émission survivor ? Kayla donnait déjà son avis mais l’argument le plus bruyant vint pour une fois de Kenza qui mit tout le monde d’accord et déclencha par la même occasion une salve de rires.
Les yeux exorbités, les traits crispés à l’extrême, elle parvint à articuler la bouche à moitié pleine et avec une fureur dans la voix que seule une conviction profonde peut apporter :

– « Mais vous avez vu la taille de leur raffion ? Au premier petit-déveuner, nous fferions dévà toutes en train de crever de faim ! »
Belen, assise en face de Kenza, tentait d’éviter les postillons. Je rigolais toujours à sa répartie, tentant d’avaler la première bouchée de mon repas. Mon regard s’accrocha à la silhouette qui dépassait d’un pas rapide et décidé notre table. Sans prêter attention à notre petit groupe, Ankara rapportait ses plateaux vides et s’apprêtait déjà à quitter le bâtiment.
Elle se dirigeait vers la serre tropicale. Je me concentrais pour percevoir son humeur du jour. Je ne sentais toujours pas la fureur des premiers jours. De la tension, de l’appréhension, de la colère, mais pas de haine. Les révélations faites il y a deux jours m’avaient laissée perplexe. En entendant son histoire, je ne pouvais m’empêcher de ressentir comme un poids sur l’estomac. Je ne pouvais imaginer la peur et la tristesse de cette enfant qui avait perdu ses parents dans un acte de barbarie sans nom et qui plus est, avait du devenir adulte avant l’heure en servant d’esclave, en connaissant la faim et les coups. Un enfant ne devrait jamais connaitre autre chose que le confort d’un cocon familial, le sentiment de plénitude qu’apporte la sensation d’être aimé et choyé. Un esprit si jeune ne pouvait absorber la douleur, l’injustice, l’inquiétude, la peur ou encore la dureté du monde. Il y avait donc ce sentiment d’injustice pour l’enfant qu’elle avait été qui me retournait l’estomac et cet autre sentiment pour l’Ankara d’aujourd’hui qui restait de la colère par rapport à son accueil et toutes les attaques perfides dont Kenza et moi avions faits l’objet depuis notre arrivée. Je n’arrivais pas à réconcilier les deux images, les deux sentiments, ce qui me perturbait passablement.
Après une demi-heure d’orgie culinaire, nous nous levâmes pour prendre la direction du terrain central pour un nouvel échauffement aux armes blanches. Les plateaux encore dans les mains, Kenza à mes côtés, nous nous fîmes accoster par trois porteuses vétéranes, qui jusque-là s’étaient toujours contentées de nous dire bonjour et nous sourire.

– « Voltigeuses ? », commença la rousse.

– « Oui ? », répondit posément Kenza, les incitant à poursuivre.
Comme si notre carrure pouvait prétendre rivaliser avec celles des porteuses…

– « Le combat approche et vous vous entraînez tout autant que nous… Mais lorsque ce dernier aura commencé, rappelez-vous s’il vous plait votre mission première qui est de protéger en priorité notre alpha. »
Sa demande, qui sonnait plus comme une supplique, n’était en rien insultante.

– « Rassurez-vous ! C’est notre raison d’être depuis que nous vous avons rejointes », les rassurai-je dans un sourire.
La brune derrière enchaîna, en support de son amie :

– « Nous le savons. Nous savons aussi que vous avez des dons que vous aurez sûrement à exploiter pendant le combat. Mais lorsque vous devrez choisir entre notre survie et celle d’Alexis, nous vous demandons de faire le choix de votre vocation. Nous sommes facilement remplaçables. Il n’en va pas de même pour une alpha comme Alexis. »

– « Nous avons compris et ferons ainsi. »
Aux mots de Kenza, la rousse prit sa main dans la sienne et la serra en guise de remerciement. Kenza frémit un quart de seconde en fermant les yeux.

– « Et nous, on compte pour du beurre ? », se fâcha Gwen, en se détachant du groupe de Callie avec lequel elle avait pris son repas. « Nous ne sommes pas encore mortes ! »
Elle ne laissa pas le temps aux trois guerrières de s’expliquer et nous emboîta le pas pour sortir du bâtiment. Elena la suivit dans le but de la calmer, non sans lancer un regard lourd de sens aux trois porteuses.
Kenza et moi ne cherchions pas à les suivre. Il nous était déjà difficile de trouver les mots dans une telle situation, d’autant plus dans notre position. Nous nous dirigeâmes donc vers le terre-plein central. Quelques guerrières et des civiles barricadaient certains points du camp. Quatre porteuses s’activaient autour de la serre tropicale pour condamner certains accès. Au souvenir d’Ankara, je leur hélai :

– « Vous condamnez l’accès définitivement aujourd’hui ? Et si on en a besoin pour nos entraînements ? »

– « Que le combat ait lieu ici ou ailleurs, nous allons tout de même limiter l’accès aux territoires hostiles. Pas la peine de nous créer des difficultés s’il se déroule ici. Par mesure de sécurité, on condamne certains accès pour amener l’ennemi à l’endroit du camp que l’on gère le mieux et pour lequel nous aurons l’avantage. »

– « Ok, je comprends. Dans ce cas, prévenez Ankara. Elle est sans doute à l’intérieur. Si jamais vous l’enfermez, vous allez en entendre parler », leur lançai-je avec un clin d’oeil complice.

– « Non, la serre est bien vide. Personne n’y a mis les pieds aujourd’hui », répondit dans un sourire la porteuse à laquelle je m’adressais depuis le début.
Étonnée, je ralentissais le pas et cherchais à comprendre où Ankara avait pu se rendre. Peu importe, j’avais du pain sur la planche avec les entrainements du jour. Je devais d’ailleurs la retrouver bien assez tôt pour une nouvelle session de combat demain.

La vision (L’Amazone, Chapitre 16)

L’exercice de cet après-midi était assez divertissant en soi. Nous devions travailler en petit groupe de trois. Devant nous, se dressait un groupe de dix guerrières dont une voltigeuse. Ces dernières tentaient de nous désarmer et pour parer à cette éventualité, nous devions démontrer notre capacité à travailler en groupe pour nous couvrir mais également notre rapidité à retrouver nos moyens une fois désarmées, pour repartir de plus belle au combat. Ce jeu de rôle aurait été plus facile si je m’étais retrouvée avec Kenza en raison de notre nouveau moyen de communication mais Callie et Gwen avaient préféré nous séparer. Il est vrai que nous ne serions pas toujours amenées à travailler ensemble. Gwen s’était remise plutôt vite de l’incident suite à la conversation qu’elle avait eue en privée avec Elena. Plus les jours passaient, plus la réalité de son destin la frappait. Certains jours, elle trouvait la force de le prendre avec philosophie. D’autres, celui lui était un peu plus compliqué. Elle semblait repartir dans la phase de la colère.
Tara, qui nous avait rejointes pour l’exercice, était dans mon équipe. Elle venait d’avancer vers « l’ennemi » quand après quelques belles passes d’armes, elle se fit retirer sa machette par Megan. La suivant derrière de près, j’arrivais à repousser Kayla, écarter Tara de la trajectoire de Megan et prendre la suite, armée de mon glaive et mon petit bouclier. Megan armait déjà sa hache de guerre. J’eus à peine le temps d’interposer mon bouclier qui reposait sur mon bras gauche pour parer ce coup, que mon corps fléchit sur mes jambes et fit un quart de rotation sur lui-même pour déplier mon bras qui tenait mon glaive. Ce dernier entama légèrement la cuisse de Megan.

– « Bien joué », s’exclama-t-elle avait fierté.
Mais déjà, je recevais un coup de pied de Kayla sur mon poignet droit, ce qui me fit lâcher mon arme.

– « Reste concentrée même après une victoire », m’apostropha cette dernière.
Je n’attendis pas que Tara ou Sarah prenne ma suite, pour faire glisser de son étui ma dague, dissimulée entre mon avant-bras et mon bouclier. J’avais un vrai coup de coeur pour cette dernière tant elle était élégamment dessinée. Sarah, qui repoussait trois assaillantes, aperçut ma tentative pour repousser désormais Megan et Kayla. Un claquement de langue complice me fit comprendre qu’elle approuvait ma stratégie et ma réactivité. Tara, qui avait trouvé sur le sol une massue d’un précédent combat, repartit à l’assaut de notre ennemi à mes côtés. Nous finîmes par nous faire dominer au bout de quelques minutes, non sans avoir éreinté nos opposantes et reçu des félicitations de leur part. Cet exercice me plaisait.
Je n’avais pas eu le temps de me concentrer pour repérer les lueurs aux alentours, ni les émotions de mes opposantes mais avec un peu de temps et d’entraînement, je savais que j’y arriverai.
Vint le tour de Kenza, Belen et une nouvelle appelée qui nous rejoignait pour ses premiers entrainements. Je m’imaginais très bien sa peur et ses réticences, aussi nous faisions du mieux que nous pouvions pour la rassurer. Kenza se débrouillait de mieux en mieux. Depuis qu’elle avait réussi la connexion avec sa guerrière, elle s’épanouissait à une vitesse considérable. En la regardant se battre, je notais qu’elle perdait rarement son arme. Sans la jalouser pour autant, j’essayais de comprendre comment elle s’y prenait. En me focalisant sur elle, je vis qu’elle se battait les yeux mi-clos. Dire que cela m’étonnait était un doux euphémisme. Soudain, je compris qu’elle avait déjà réussi à faire ce que je projetais à peine de travailler dans les jours à venir : elle utilisait son don pour prédire les mouvements et passes de ses adversaires. J’étais admirative de sa technique. Kenza avait toujours été la plus discrète mais la plus surprenante au niveau de la stratégie et du combat. Les gens autour de nous avaient tendance à la sous-estimer, sans lui manquer de respect pour autant, uniquement en raison de ses silences. Mais une force incroyable sommeillait en elle et je le sentais à sa présence. Les deux acolytes de Kenza avaient été mises hors service depuis une minute et Kenza se démenait comme une diablesse contre les dix assaillantes. Toutes l’encourageaient à tenir et semblaient tout aussi épatées que je l’étais de cette prouesse. Mais elle finit par manquer de souffle, perdre le rythme et se faire désarmer sans moyen de retomber sur ses pattes au bout de quelques secondes supplémentaires. Gwen, Sarah, Kayla et les autres applaudissaient et sifflaient d’admiration. Elena s’approcha de Kenza, qui était toujours à terre, les bras autour de ses jambes, tentant de reprendre sa respiration, le sourire aux lèvres. Elle lui tendit la main pour l’aider à se relever. Dans le quart de seconde qui suivit ce geste, nous vîmes les deux pythies se raidir d’effroi, le regard absent tout en véhiculant le sentiment d’épouvante qui les emparait. D’une seule voix caverneuse, elles grondèrent à l’unisson :

– « Elles attaqueront dans trois jours, à l’aube ! »
L’assistance autour d’elles se figea, essayant de comprendre ce qu’il venait de se passer. Brusquement, la voix de Megan sortit du lot :

– « Qu’on prévienne Alexis ! », rugit-elle, en alerte.

La stratège et le complot (L’Amazone, Chapitre 16)

Quelques minutes plus tôt, l’amazone brune s’était avancé le menton haut, encadrée de deux gorilles du camp. Ce campement n’avait rien d’aussi sophistiqué que le camp d’Alexis. Rares étaient les habitations de pierre. Les conditions de campements de certaines guerrières étaient plus que primaires. Vu la taille de ce campement, il ne pouvait s’agir de leur vrai camp. Sûrement un point d’encrage pour surveiller le clan d’Alexis ou encore pour réceptionner les troupes au plus près de la scène de combat à l’approche de ce dernier. Dans tous les cas, cela ne présageait rien de bon pour elle. La date du combat s’avérait plus proche qu’elle ne le pensait. Il lui restait peu de temps pour convaincre Anya de sa démarche.
D’un geste de la tête qui se voulait naturel et assuré, Ankara replaça ses cheveux bruns en arrière. Il était hors de question de laisser l’impression de ne pas maîtriser la situation. Assise avec nonchalance de tout son poids sur le trône de fortune ou plutôt de voyage, Anya finissait son repas. Les couverts étaient visiblement en option à sa table. D’un regard condescendant mais avec une certaine lueur de convoitise, elle toisa, presque amusée, Ankara. Finissant de se lécher les doigts avant de poser négligemment son assiette sur un pose de pied de fortune, elle s’enfonça dans son siège en gigotant des épaules pour se creuser dans les coussins une position plus confortable.

– « Tu as du cran de revenir. J’ai cru que tu allais te dégonfler. »
Ses yeux d’un marron boueux ne lui rendaient pas plus service que sa couleur de cheveux rouge délavé tirant vers une teinte rappelant la rouille. A ce niveau, les racines n’étaient plus visibles mais faisaient partie intégrante d’un manque de style qu’elle semblait revendiquer. Contrairement à Alexis, ses muscles de porteuse avaient gardé une masse impressionnante. Elle devait prendre plaisir à participer activement aux combats. En témoignaient toutes les entailles mal cicatrisées qu’elle arborait sur les bras et les jambes. Ankara n’était pas novice au point de croire qu’une tête brulée comme elle ne s’était contentée que de blessures superficielles. Ces dernières devaient continuer de décorer son corps sur les parties couvertes par les vêtements et l’armure. Ses mâchoires carrées roulaient, tentant de déloger de ses dents un reste du repas terminé à la hâte. Ankara pensa sur le moment qu’elle avait dû se ramollir au contact d’Alexis pour trouver ce comportement répugnant, alors qu’il était de coutume lorsqu’elle devait débarrasser, enfant, les restes du repas du clan qui l’avait séquestrée. Ou plutôt les couverts vides, puisqu’il restait rarement de nourriture après le repas, au grand dam de son estomac qui avait appris très tôt à crier famine.

– « Comme je l’ai dit, je viens chercher une alliance pour prendre de la hauteur dans ce clan de pacifistes. Je n’attendrai pas qu’on me donne un rang que méritent mes compétences physiques et guerrières. Je sais ce que je vaux, je suis ambitieuse et je ne perdrai pas mon temps à m’incliner devant des grenouilles de bénitier qui prônent l’amour et la paix dans un monde tel que le nôtre. »
Dans un air de défi, elle enchaîna en sachant très bien quelle corde activer pour remettre Anya dans le chemin qu’elle souhaitait emprunter.

– « A moins que ce ne soit toi qui te dégonfles car tu ne sens pas tes guerrières prêtes à descendre ce camp de vacances, même avec une espionne dans les rangs de l’ennemi. »
Le regard d’Anya vira de l’amusement à la haine en un quart de seconde. Elle se leva brusquement pour coller son visage à deux centimètres de celui d’Ankara, qui ne flancha pas. Elle connaissait ce genre de tempérament. Elle avait pratiqué ce genre d’énergumènes pendant une grande partie de son enfance.

– « Qui crois-tu être pour me parler de la sorte ? Sais-tu qui je suis ? Sais-tu ce que je suis capable de faire juste pour le plaisir de voir couler du sang ? »
Sa rage la faisait postillonner, ce qui exaspéra encore plus Ankara.

– « Je dis juste que je suis venue pour travailler sur les détails d’une prochaine attaque après être venue à ta rencontre deux fois pour sceller un pacte temporaire. Et toi, tu es encore en train de questionner ma volonté alors qu’on devrait être en train de parler stratégie. Je n’ai pas de loyauté à t’offrir : tu veux la tête d’Alexis et ses deux lueurs bizarres. Je veux que tu me débarrasses de ces pétasses pour prendre la tête d’une partie du clan. Tu pilleras ce que tu veux. Je prendrai le strict nécessaire avec les filles qui voudront me suivre pour recréer un clan qui aura une vraie fierté et retrouvera sa condition initiale. »
Anya jaugea la porteuse. Elle avait du cran. Elle ne comptait bien évidemment pas lui laisser la vie sauve, mais elle tenait en estime la tentative de putsch qu’elle voulait mener car elle reconnaissait la jeune Anya dans cette démarche.

– « Que proposes-tu ? Tu as l’air si sûre de toi alors que le clan est quasiment au complet. »

– « Elles se doutent d’une prochaine attaque et renforce le camp dans cette idée. N’attendons pas qu’elles finissent. Je vous ouvre une brèche d’ici quelques jours avec un accès direct au Conseil. Je vous ferai passer par les bois. Connaissant les dons de leurs pythies, je vous ferai parvenir au dernier moment par écrit l’endroit de la brèche. Elles pourraient le voir en vision si je vous le donne trop en avance. Surtout la jeune avec sa lueur argentée. Elle est plus efficace en appelée que la pythie en service qui commence à dépérir. »

– « Combien de guerrières veux-tu faire passer par ta brèche ? », étudia Anya calmement, en faisant quelques pas sous sa tente de commandement.

– « Prévois plusieurs centaines. Elles devront agir vite. Il serait plus difficile d’ouvrir plusieurs brèches à divers endroits du camp alors que je suis seule pour le faire. De plus, je dois donner le change jusqu’à la fin. Leur pythie en déclin croit que je travaille avec elle pour vous faire couler. »
Anya l’examina de nouveau de son oeil suspect.

– « Et qui me dit que ce n’est pas ce que tu es en train de faire ? »

– « Tu n’as aucun moyen de le savoir car je ne sers que mes desseins. Je me fous de ce qui peut vous arriver par la suite tant que la tête d’Alexis est tienne et que tu me débarrasses de ses poupées de collection. Mais le fait que tu stationnes toujours de façon temporaire à une centaine de kilomètres du camp et que tu aies accepté de me recevoir montre que tu veux en finir avec cette alpha et que ton plan rejoint momentanément le mien. Tu attends juste la bonne opportunité. »
Le sourire d’Anya s’étirait légèrement. Cette petite lui plaisait décidément. Elle avait plus de cran que les idiotes qui lui servaient de généraux dans son clan. Peut-être lui laisserait-elle la vie sauve le jour J. Ou alors se contenterait-elle de la supprimer sans la torturer. En attendant, elle se préparait une dernière fois à éliminer Alexis.

Le dernier affront (L’Amazone, Chapitre 16)

Nous étions en train d’avancer plus au Nord du camp. Je ne connaissais pas bien cette partie de la cité car peu de complexes d’entraînement s’y trouvaient. Kayla, qui me précédait, marchait en silence, préoccupée. Son regard ne cessait de scruter les alentours. Je pouvais comprendre son inquiétude. La veille, nous avions eu la confirmation de la date du combat. Je ne pouvais faire le lien encore entre le grand combat dont on nous parlait tant depuis notre arrivée et celui qui allait avoir lieu dans deux jours. Kenza et moi allions participer à ce pour quoi nous avons été appelées en première instance, notre nouvelle raison d’être. Je sentais la pression monter en moi mais bizarrement je restais sereine. Peut-être que mon entraînement m’avait donné une nouvelle confiance en moi.
La veille, Callie était allée prévenir Alexis sur l’ordre de Megan. En arrivant sur les lieux, Alexis s’empressait de rejoindre Elena et Kenza qui étaient elles-mêmes sous le choc. Callie ne lui avait révélé que le minimum.

– « Dans trois jours, c’est ça ? Vous en êtes sûres ? », interrogea Alexis à la hâte.
Elena hocha la tête de façon affirmative. Depuis que Megan avait envoyé Callie, personne n’avait osé leur poser de questions sur le sujet. Leurs visages respiraient toujours l’effroi de la révélation. Kenza était toujours au sol depuis qu’elle avait tenté de saisir la main d’Elena qui voulait l’aider à se relever. Les membres supérieurs d’Elena et Kenza tremblaient légèrement. Alexis, dont le regard se fixa au sol, réfléchit à vive allure. Les paroles qui en suivirent nous prirent toutes au dépourvu.

– « Bien… Dans ce cas, reposez-vous aujourd’hui. Nous allons approfondir cette vision. Callie et Belen, organisez des factions pour aider au renforcement du camp. Partout. Je ne veux plus être prise par surprise via une autre brèche. Demain, réunion à midi avec les voltigeuses, Megan, Ankara, Kayla et Sarah. Je vous ferais parvenir le lieu de la rencontre. »
Sur ce, elle tourna les talons et reprit le chemin du Conseil. Vu la mine déconcertée des autres, je compris qu’elles s’attendaient aussi à un peu plus d’urgence dans les actions à organiser dans les prochaines heures. Tara et d’autres ressentaient même une forme de déception. Peut-être avaient-elles interprété la réunion en comité limité de demain comme un manque de confiance à leur égard. Megan prit le poignet de Kenza et la souleva pour la remettre sur ses pieds. D’un signe de la tête, elle nous invita à rentrer chez nous, comme l’avait fait Alexis. Mais ses lèvres pincées et son regard fixe nous laissaient penser qu’elle était également perplexe par rapport ce manque de réactivité devant cette information cruciale que nous venions d’avoir. Telle s’était finie la journée d’hier.

Nous étions donc en chemin vers cette salle de conférence dans l’aile scientifique, qui nous avait été indiquée par Alexis par sms hier tard dans la soirée. Je ne comprenais pas ce mystère, mais je suivais les directives. Ne connaissant pas le chemin, Kenza et moi avions demandé aux filles de nous attendre pour y aller. Je regardais autour de moi pour découvrir plus en détail cette partie du camp que je n’avais que survoler lors d’une de mes balades.

– « Pourquoi avons-nous un complexe scientifique ? », m’étonnai-je devant Megan.

– « Nous faisons nos propres recherches, notamment sur notre espèce. Mais il donne surtout le change pour celles qui ont choisi une couverture scientifique pour leurs proches. Ce complexe n’est pas très grand et peu d’entre nous s’y rendent vraiment. Nous utilisons peut-être dix pourcents des ressources de ce laboratoire. Beaucoup d’équipements qui s’y trouvent sont uniquement là pour la décoration. Notre laboratoire nous sert principalement pour nos analyses de sang, peau, adn… tout ce qui nous sert pour nos recherches. Pour ce qui est des scanners, irm et échographies, les équipements sont stockés dans notre clinique, là où ils sont le plus utile. »

– « La prise de sang que vous nous avez faite à notre arrivée a été analysée sur place ? »

– « Bien sûr, on ne prendrait pas le risque de partager notre adn modifié avec des hôpitaux et laboratoires civiles. Il n’est pas si différent que ça mais certaines composantes pourraient interpeller des laborantins. Le secret est notre mission principale. Et puis, cela nous permet de garder une trace de chacune des guerrières, que ce soit celles du clan ou les autres qui nous ont partagé cette information. Comme une cartographie de notre population. »
Je hochais la tête, silencieuse. Je digérais l’information. Déjà mon esprit se focalisait sur la réunion du jour. Kayla s’engagea sur un chemin de graviers et copeaux de bois brun sur la droite. La lueur argentée de Kenza me suivait. Nous n’avions que peu échangé sur le sujet. Je n’avais osé lui poser de question sur sa vision, si Alexis nous avait intimé l’ordre de ne pas en discuter avant cette réunion.
Nous entrâmes dans une sale entourée d’un jardin bien entretenu, avec quelques sapins, des mangeoires pour animaux et des rocailles autour du bâtiment plein pied. Ce dernier avait deux colonnes de pierre blanches à l’entrée et les portes de ce double sasse étaient en verre. De grandes fenêtres, plus hautes que larges et faisant la hauteur de la pièce, agrémentaient tous les deux mètres les murs blancs du bâtiment. En entrant dans cette pièce unique, la lumière éblouissait nos yeux. Tant de secrets pour une réunion dans une pièce si simple.
Ankara, qui finissait la marche, ferma la porte derrière nous. Alexis avait posé ses effets sur la table principale, mais n’avait pris le temps de s’asseoir sur les chaises qui entouraient cette dernière. Elle nous attendait.

– « Bon, à ce que je vois, nous sommes toutes là. Merci tout d’abord d’avoir accepté de me rejoindre pour cette réunion et surtout d’avoir respecté la discrétion que je vous demandais implicitement. »
Je me félicitai intérieurement d’avoir su tenir ma langue.

– « Pour Ankara qui ne le sait pas encore, Elena et Kenza ont eu une vision de la date de combat. »
Ankara se raidit.

– « Anya et ses troupes vont attaquer dans deux jours, à l’aube. J’ai demandé à certaines factions de finir les aménagements pour notre protection. Je compte lancer aujourd’hui l’étape une du plan d’évacuation pour les civiles. J’avertirai ce soir le clan de notre plan d’action pour les heures à venir. Mais avant cela, je veux savoir avec précision ce que vous avez vu », dit Alexis en se tournant vers Elena.
Elena cligna rapidement des yeux en regardant le sol pour tenter de se remémorer les images.

– « C’est assez flou et en même temps très rapide. Je ne sais pas si Kenza et moi avons partagé les mêmes images, mais d’après ce que j’ai pu voir, le clan d’Anya va tenter une percée un peu plus au Nord. Elles seront très nombreuses et j’ai l’impression que nos remparts n’auront pas fait le travail pour les repousser. Anya sera de la partie mais pas en première ligne… »

Elle semblait chercher ses mots avec soin. Kenza profita de ce silence pour intervenir.

– « Elles vont venir pour faire un massacre mais surtout pour t’abattre, Alexis. Elles veulent Sarah, Elise et moi-même dans leurs rangs, qu’on les rejoigne de notre plein gré ou pas », dit-elle d’un ton très grave.

– « Avant de parler de nos morts et blessées, pouvez-vous me dire comment vous êtes aussi sûres de la date ? », demanda Alexis sur le même ton.
Elle avait toujours été méthodique, aussi Kenza ne fut pas vexée de cette question qui aurait pu donner l’impression qu’elle mettait en doute leur vision.

– « Parce que dans notre vision, nous étions prises par surprise alors que je me préparai pour rejoindre Elena à notre footing prévu vendredi à six heures du matin.
Nous ne courrons habituellement pas à cette heure le vendredi et nous ne prévoyons pas de le faire dans les semaines à venir. Elena a un appel familial qu’elle veut passer à huit heures cette semaine pour des raisons de décalage horaire. »

– « D’ailleurs, je peux annuler ce dernier, au vu des évènements à venir », dit l’ancienne voltigeuse comme pour elle.

– « N’en fais rien ! Tu connais les règles. Ne change pas le présent ou les évènements futurs car ta vision rechangera », intervint précipitamment Alexis. « Nous sommes prête, il est grand temps que nous mettions fin à ce climat d’incertitude pour les filles. Nous allons à la rencontre d’Anya. »

– « Comment se fait-il que vous ayez eu cette vision maintenant ? », questionna Ankara. « Je croyais que tu ne voyais le futur quand ce dernier était sûr, quand les personnes impliquées avaient pris leur décision. »

– « Je crois que l’interaction avec Kenza a déclenché la vision », tenta d’expliquer Elena, qui n’était pas très sûre d’elle sur ce sujet.

– « Tu crois ? Pourquoi ne pas l’avoir eu avant quand tu as touché Kenza lors de sesentrainements ? », demanda la porteuse, qui ne lâchait pas le sujet.

– « Car dans les faits, nous n’avons pas l’occasion de nous toucher. Je lui donne des objets sur lesquels je veux qu’elle se concentre pour connaitre l’histoire. Nous méditons beaucoup côte à côte mais depuis l’incident qu’il y a eu avec Kenza, je ne la touche plus pour éviter les débordements. »
Sa réponse ne parut pas satisfaire Ankara. Une pointe de colère commençait à naître en moi.

– « Je vais émettre une hypothèse qui va te déplaire, Elena », commença Gwen. « Mais imaginons que tu aies eu cette vision avant qu’Anya n’ait vraiment prise cette décision parce que tu étais connectée à Kenza. Peut-être ne l’as-tu pas eu plus tôt car ton don s’éteint… »

– « Je pense effectivement qu’Anya n’est pas encore bien décidée sur la date ou du moins, elle ne sait pas encore qu’elle a pris sa décision. Je pense aussi que c’est cette interaction avec Kenza qui nous a permis de le voir. Nos dons combinés nous ont rendu plus fortes. Je ne peux pas nier que mon don s’efface mais je reste intimement persuadée que je l’aurais vu par moi-même si elle avait pris sa décision seule. »
Nous restions silencieuses à la suite de cet échange. Alexis contemplait à son tour le sol, en tentant de mettre de l’ordre dans ses idées. Cette sensation de colère en moi continuait de grandir et me dérangeait de plus en plus. J’avais du mal à mettre le doigt sur l’origine de cette agitation. D’autant plus qu’elle était accompagnée d’un sentiment de doute. Qu’étais-je en train de rater ? Avais-je oublié un évènement qui expliquait ce sentiment ? Ou étais-ce encore une situation qui m’avait déplu et que je voulais évoquer avec l’une des personnes dans la salle ? La prise de parole d’Alexis m’interrompit dans mes réflexions.

– « Nous ne sommes pas là pour remettre en question le bien fondé de cette vision. Le fait que nos deux pythies l’aient eue devrait nous suffire à la considérer comme exacte. La raison pour laquelle j’ai souhaité évoquer notre plan d’action en comité restreint est que si Anya nous attaque alors que nous sommes au complet et sur nos gardes, c’est qu’elle a déjà un pied dans notre camp. Le plan d’action dont nous allons discuter aujourd’hui restera entre nous. Vous donnerez aux factions dont vous serez en charge les directives pour finaliser notre préparation, mais ne vous attardez pas sur les détails de cette dernière. »
Alexis se levait pour rejoindre à quelques mètres un tableau blanc. La situation m’était de plus en plus insupportable. Je ressentais une tension mêlée de peur, de rancoeur…

– « Je pense que vous serez toutes d’accord pour se dire qu’il serait dangereux de laisser entrer Anya dans notre enceinte. »
Son corps se zébrait d’ombre et de lumière au fur et à mesure qu’elle se déplaçait dans la salle. Mon coeur se mit à battre plus vite. La colère crispait mes membres, mais la peur de manquer mon objectif m’écrasait la trachée. Mon objectif ? Qu’est-ce je disais ?

– « … Sans vouloir changer la vision de Kenza et Elena, j’aimerais avancer la ligne de combat dans le bois qui jouxte la porte Nord du camp. Ainsi nous aurons l’avantage du terrain. »
Kayla aperçut la tension dans mes mains. Elle m’interrogea du regard mais je ne pus lui répondre. Mon corps se tétanisait.

– « Mais Anya connait un peu ce dernier vu qu’elle est entrée par le nord et l’ouest lors de la dernière attaque », intervint Gwen.

– « Elle ne le connait pas comme le connaissons. Et nous mettrons à profit les prochaines vingt-quatre heures pour le transformer à notre avantage et disposer des pièges ainsi que des armes de secours pour nos guerrières. »
Je ressentis alors un grand vide en moi. Un calme absolu. Comme si ma tête forçait mon corps à se calmer. Mais cela ne faisait pas plus de sens que les sensations précédentes car une telle concentration devrait m’empêcher de penser et de remettre en question ces propres sensations. Un décompte se faisait mais je ne comprenais pas bien les chiffres qui défilaient.

– « Je veux que nous gardions des factions sur les autres portes, juste au cas où, je ne lui fais pas confiance. Et pour ce qui est du Conseil, on fermera manuellement certains accès pour mener les intrus dans les impasses de notre labyrinthe, et on gardera l’accès à nos pièces stratégiques pour nous et nos soeurs via le système d’empreintes… »
Tout à coup, le voile rouge se mit sur mes yeux. Je compris. Alors que je sautais par-dessus la table, j’entendis Elena et Kenza retenir leur souffle sous la surprise. Kenza venait également de comprendre. Kayla n’eut pas le temps de me retenir, je me jetais déjà sur Alexis avant que la balle ne perfore la vitre et ne s’écrase sur le mur, là où sa tête était encore il y a une seconde. Toutes se jetaient à terre au son de cette déflagration et des bris de glace. Kenza rampa avec Elena pour se rapprocher d’Alexis et la protéger. Gwen était trop loin. Je criai le nom de Kayla, qui leva la tête pour me voir lui faire signe de me suivre. Déjà, nous sortions en trombe de la salle pour nous mettre à la poursuite du sniper. Je me fiai aux émotions ressenties pour me guider dans le jardin puis le petit bois qui entourait le complexe. La peur. La peur d’avoir raté et de subir les conséquences. La peur se de se faire attraper par les autres guerrières. Alors que je sentais les émotions s’intensifiaient, je vis à travers le voile rouge une lueur blanche. J’étais bien trop loin pour entrevoir une personne mais je percevais sa lueur. J’accélérai le pas, Kayla sur mes talons. Alors que j’approchais du lieu de la lueur, je ressentis un grand vide. Mon vide à moi. J’étais de nouveau seule dans mon corps et ma tête. La lueur blanche s’éloignait aussi vite qu’elle était apparue. Il ne me restait plus que quelques mètres à parcourir. Derrière un bosquet, je vis le sniper sur le sol. Son arme à ses côtés. Son cou prenait un angle peu naturel. Le sigle sur son équipement ne laissa aucun doute : Anya. Ne pouvant tirer aucune information de cette opposante, je me lançais à la poursuite de la lueur blanche. Je m’engageais dans la direction qu’elle avait prise, mais je ne percevais plus rien. Au bout de deux cents mètres, je m’arrêtais pour pousser un cri de rage et revenir sur mes pas. Je retrouvais Kayla qui était à genou à côté du cadavre de la sniper.
Elle cherchait d’autres indices sur l’attaque. Elena, Gwen et Ankara nous rejoignirent. Kayla, qui les avaient vues, m’interpella :

– « Qu’est-ce que tu foutais ? Tu courrais après qui ? »

– « La sniper n’était pas seule. Il y avait une autre lueur blanche. Ils en ont aussi une avec elles », annonçai-je en reprenant mon souffle.
La colère me consumait. Ankara, qui venait d’apercevoir l’emblème d’Anya, semblait partager cette émotion mais pour des raisons diverses. N’arrivant pas à se calmer, elle s’en prit à Elena.

– « Et cette décision prise d’attaquer Alexis, tu es toujours intimement persuadée de l’avoir vu venir ? », cracha-t-elle avant de rebrousser chemin.
Le manque de réaction des filles face à ce que ce je venais de leur dire me sidérait. Entre Alexis qui attendait vingt-quatre heures avant de lancer un plan d’action et les autres qui ne réagissaient pas à la mention d’une lueur blanche dans le clan d’Anya, je commençais à me demander si elles n’avaient pas perdu les pédales.

– « Oh, je vous dis qu’elles ont aussi des lueurs blanches ? On ne connait pas leurs dons ! Ça ne vous fait pas plus d’effet que ça ? », m’énervais-je.

– « Tu es sûre ? », demanda Gwen.

– « J’ai vu la lueur à travers mon voile rouge. »

– « Tu as peut-être mal vu », me calma Kayla. « Est-ce que ce n’est pas la réverbération du soleil sur leur armure ? »

« Je sais ce que j’ai vu. Je ne suis pas stupide au point de confondre une lueur et un
reflet du soleil », m’impatientai-je.

– « Je ne mets pas en doute ce que tu as vu, je dis juste qu’il faut être prudentes sur les interprétations car on a agi très vite et certains détails peuvent nous échapper. Nous ouvrirons l’oeil lors du combat sur la présence éventuelle d’une lueur blanche dans leurs rangs. Mais nous sommes prêtes et nous avons la chance d’avoir deux super lueurs dans nos rangs. Maintenant, retournons auprès d’Alexis pour nous assurer que tout va bien et comprendre comment ce sniper a pu arriver jusqu’ici. »

– « Ok », lâchai-je en ravalant mon ressentiment. Je ne gagnerai visiblement pas cette bataille. « Cela n’explique toujours pas pourquoi l’une d’entre elles tuerait l’autre avant de prendre la fuite », grommelai-je.

L’espoir (L’Amazone, Chapitre 16)

A notre retour, nous constations qu’Alexis n’avait rien. J’étais intervenue à temps. Je n’avais pas réellement éprouvé de peur sur le sujet car mon instinct m’aurait prévenue si elle avait été touchée. Elle me remerciait brièvement. Son regard trahissait sa curiosité concernant la personne qui l’avait visée et ce que je lui avais fait. Je lui relatais la traque, la découverte du corps et la lueur. A ma grande surprise, elle ne parut pas plus s’alarmer que ça et tenait un discours quasi identique à celui de Kayla. Cette dernière s’était éloignée pour passer un savon à quelqu’un au téléphone. Au vu des évènements, elle devait sûrement chercher à comprendre comment les deux intruses avaient pu s’immiscer dans notre camp. Elle en était à son deuxième coup de fil. Après avoir rapidement tranché sur notre stratégie pour le jour J, nous regagnions chacune notre foyer. Celles qui le souhaitaient, pouvaient s’entraîner dans l’après-midi sans excès. Nous devions être en forme pour le grand jour. Après ce qu’il s’était passé, il était convenu qu’Alexis parlerait ce soir à nos soeurs. Ankara, passablement énervée, sortit rapidement pour faire un tour. Megan et Sarah se chargeaient d’aller chercher le corps et de s’en débarrasser. J’avais envie de m’aventurer de nouveau dans les bois quand Alexis m’invita à me reposer et évacuer cette tension chez moi avant le combat.

Un peu avant dix-huit heures, Kenza et moi nous mîmes en route vers le Conseil. Nous nous entassions toutes dans la grande salle en attendant qu’Alexis prenne la parole. D’office, nous nous dirigions vers l’estrade pour être à ses côtés lors de son allocution. Plus que jamais, nous avions besoin de garder un oeil sur elle. Après quelques minutes d’attente, Alexis entra dans la salle par la porte arrière qui menait à la petite salle du Conseil. Gwen et Elena l’accompagnaient. Le silence se fit automatiquement dans l’assemblée. Alexis s’approcha du micro.

– « Merci à vous, mes soeurs, d’être venues à cette réunion… même si vous n’aviez pas vraiment le choix », dit-elle dans un sourire pour détendre l’atmosphère. « Ce soir, je vous ai convoquées car nous avons appris la date de la prochaine et dernière attaque, je l’espère, avec votre aide, d’Anya et de son clan. »
L’audience était suspendue à ses lèvres.

– « Dans un peu moins de trente-six heures, elles mèneront l’offensive par la porte Nord de notre camp. »
Les émotions que nous pouvions lire sur les visages de l’assemblée étaient assez partagées : colère, crainte, appréhension…

– « Aussi, à partir de demain matin, nous allons commencer l’évacuation des civiles vers un endroit externe au camp qui nous appartient. Situé près de l’aéroport, il leur sera facile de prendre l’avion qui les attendra et se chargera de les emporter vers un état plus sûr, dans le cas où le combat ne tournerait pas en notre faveur. Des dispositions financières ont été prises pour qu’ils puissent rejoindre vos familles
proches et recommencer leur vie. Jimmy, le mari de Megan, s’est porté volontaire pour guider le groupe. »
En ressentant les émotions de nos soeurs, je me rendis compte de l’impact négatif de son discours. Alexis ne devait pas s’en rendre compte. L’attaque de la matinée avait dû la miner plus que je le pensais car elle ne montrait aucun signe de leadership ce soir. Un regard de Kenza et Gwen me confirma cette impression. Je me reconcentrais sur son discours.

– « … je veux donc des factions pour couvrir le sud, l’est et l’ouest. Des accès souterrains seront fermés dès demain soir. Je vous demande de vous reposer pour garder vos forces et nous aider à finaliser les préparatifs pour barrer certaines voies et artères du camp. C’est à nous de les mener où nous le souhaitons. Nous ne subirons pas leur invasion une deuxième fois. Je continue d’espérer que nous les retiendrons au Nord hors de l’enceinte, dans les bois où nous les rencontrerons le matin. J’en appelle aussi à certaines guerrières qui connaissent bien le terrain de venir nous aider à l’aménager demain pour le mettre à notre avantage. »
Certaines guerrières hochaient de la tête sans grande conviction.

– « Je laisse la parole à Sarah pour vous donner les dernières consignes. »
Sarah n’avait visiblement pas prévu de parler. Sous l’effet de la surprise, elle jeta un coup d’oeil à Alexis qui était repartie s’asseoir sur son trône sans nous jeter le moindre regard. Elle semblait ailleurs.

– « Euh, oui… Donc, pas d’entrainement demain. Nous vous voulons au meilleur de votre forme. Commencez à préparer vos armes et votre armure. Les gilets par balle sont de mise dans la mesure où nous aurons affaire à Anya et ses guerrières, et… »
Elle cherchait ses mots ou plutôt les conseils qu’Alexis aurait voulu qu’elle partage. Cette élocution devenait une catastrophe de management.

– « Oui et aussi pour la préparation du terrain demain, j’aimerais que nos meilleurs snipers se positionnent le jour J dans quelques arbres et bosquets, si besoin », demanda Sarah.
Alexis ne réagissait pas. Je tentai de contacter Kenza qui me faisait face quelques mètres plus loin. Elle comprit ma question et sur ses lèvres, je pus lire les mots qu’elle dessinait sur ses lèvres : « je ne vois rien, elle est en roue libre, la pauvre ».
Une voix s’éleva de l’assemblée qui commençait à s’agiter devant l’incohérence de cette réunion.

– « Si on change le terrain, on changera également l’avenir, non ? », demanda l’une.

– « Et pourquoi aurions-nous besoin de snipers ? », osa une autre.

– « Pour débusquer ceux d’Anya et éviter de répéter le problème de ce matin », asséna sereinement Sarah, satisfaite de sa réponse logique avant de se rendre compte de la bourde qu’elle venait de commettre. Ankara ferma les yeux comme pour effacer les dernières secondes de cette scène. Kayla ouvra la bouche sans qu’aucun son ne sortit. Kenza et Elena étaient en état de choc. Un brouhaha s’éleva chez nos soeurs, ce qui eut au moins le mérite de sortir Alexis de sa torpeur. N’ayant pas suivi les derniers échanges, elle ne brilla pas par sa réactivité. Sentant la peur monter, je pris sans réfléchir la place de Sarah.

– « Nous voulons effectivement des snipers pour surveiller l’activité potentielle de ceux d’Anya. Il y a effectivement eu une attaque mal préparée ce matin que nous avons facilement déjouée », tentai-je pour apaiser nos soeurs.

– « Comment se fait-il que nous n’ayons pas été mises au courant de cette nouvelle intrusion ? »
Je n’arrivai pas à identifier dans la foule la personne ayant posé cette question légitime. Aussi repris-je à l’attention de toute la salle.

– « Nous recherchons encore comment cette personne a pu s’introduire discrètement chez nous. Ce qui est sûr est qu’il s’agit d’une attaque mal préparée par un clan qui n’a aucune stratégie ni discipline. Elles sont à bout de nerfs et tentent par tous les moyens de nous atteindre mais nous jouerons de ce défaut pour les exterminer définitivement dans trente-six heures. »
Kenza, Gwen et Elena hochèrent de la tête pour me rassurer sur les mots que je venais d’utiliser. Ou pour m’encourager, je ne savais pas.

– « Comme vous le savez, nous sommes quatre voltigeuses avec des dons. Ce que j’ai ressentis chez le sniper de ce matin, n’était pas de l’assurance. Elle était en colère, certes, mais elle avait peur. Peur de nous, peur de se rater. Or, lorsqu’on est prêt au combat, comme nous le sommes, comme nous nous sommes préparées à le mener, on ne connait ni le doute, ni la peur », dis-je avec conviction.
En énonçant ces mots, cette idée se faisait plus claire dans ma tête et cette vision me convainquait moi-même. Je sentais ce changement en moi et j’aimais ce que je percevais en retour de l’auditoire, car je sentais un regain de confiance chez elles. Je tournais discrètement mon regard vers Kayla, Gwen et les autres pour chercher un peu de soutien.
Gwen leva son visage, le regard mi-clos et semblait surprise de ce qu’elle percevait. Kayla acquiesça discrètement. Tournant le dos à Alexis, je ne pouvais voir son expression mais j’étais surprise qu’elle ne me rejoigne pas pour reprendre la main.

– « Cela fait des semaines que nous vivons cloîtrées, à nous entrainer sans cesse pour ce grand jour. Elles ont osé nous malmener par surprise et avec mesquinerie. Elles nous ont menacées. Elles ont chamboulé notre routine alors que nous sommes un clan pacifiste. Pourquoi ? Pour mettre la main sur nos biens et avoir la tête de notre alpha. Aussi pacifistes que nous sommes, nous leur dirons non, une fois pour toutes dans trente-six heures. Dans trente-six heures, nous allons regagner notre liberté de mouvement, notre éthique, notre supériorité car, oui nous les surpassons. Notre manque de barbarie fait de nous des guerrières exemplaires qui utilisent aussi bien leurs muscles que leurs têtes. »
Même si le silence régnait, je sentais les guerrières se galvaniser. Mon sang bouillonnait. La ferveur de mes mots n’arrivait pas à la cheville de celle que je ressentais face à mes nouvelles convictions.

– « Nous ne connaissons pas le doute car nous sommes prêtes. Nous ne connaissons pas la peur car nous avons choisi cette destinée. Nous ne connaissons pas l’incertitude car nous ne faisons qu’une et que nous avons la chance d’avoir un leader de talent. Il n’est pas arrivé le jour où ce clan cèdera devant la barbarie d’un autre. »
Des cris et applaudissements s’élevèrent dans la salle. Je les remerciai d’un signe de tête avant de laisser la parole à une autre. Gwen restait la mâchoire ouverte. Je vis Alexis me dépassait pour reprendre le micro, sans même un regard dans ma direction. Je percevais juste sa colère.

La réunion venait de se terminer et déjà nos soeurs évacuaient la salle pour se préparer et dire au revoir à leurs proches vivant avec elles au camp. Du coin de l’oeil, je voyais Kayla tenter de remonter le moral à Sarah qui n’en revenait toujours pas de ce qu’elle avait laissé échapper pendant son élocution. J’attendais Kenza, qui finissait de parler à une de nos soeurs pour rentrer calmement à la maison. Une boule se formait dans mon estomac. Le stress commençait à se faire sentir. Ils étaient loin les mots d’encouragement donnés à mes soeurs ce soir.
Une silhouette élancée se planta devant moi. Je n’avais pas besoin de voir le visage ou la couleur de cheveux d’Alexis pour l’identifier. Sa lueur m’avait prévenue de son arrivée mais je ne pensais pas qu’elle s’arrêterait devant moi. Ni qu’elle éprouverait de la colère.

– « Comment as-tu pu ? Que t’est-il passé par la tête ? »

– « Comment ça ? », sursautai-je sous l’agression.

– « Parce que tu crois sincèrement que nous aurions plus de chance en nous battant avec nos doutes et le moral dans les chaussettes ? », répondis-je avec un peu plus d’assurance. « Tu n’as pas ressenti ce que j’ai ressenti en captant leurs émotions! Elles avaient peur, elles avaient besoin de leur leader, de quelqu’un qui leur redonne courage en leurs capacités après ces attaques perfides. »

– « Tu insinues que je ne sais pas gérer un clan ? », fulminait Alexis.
Notre langage corporel trahissait la tension de notre discussion. Kenza et Kayla commençaient à se rapprocher en se demandant si elles devraient nous séparer.

– « Mais enfin, Alexis ! J’espère que tu me connais maintenant assez pour savoir que jamais je n’oserais penser une chose pareille. C’est tellement offensant. »
Le choc sur mon visage eut le mérite de la faire redescendre d’un cran au niveau de son irritabilité.

– « Nous n’avons qu’un seul leader depuis le début, c’est toi et nous te suivrons n’importe où, sur n’importe quelle bataille, n’importe quand. Mais ce soir, elles avaient peur car depuis les attaques, nous vivons dans l’idée de nous protéger à tout prix sans chercher justice pour ce qui nous a été fait. Nous savons qu’il est important de nous préparer mais nous avons besoin que tu nous aides à réveiller les guerrières en nous. Je ne leur promettais pas la victoire mais les encourager à la chercher pour ce qui nous a été fait, pour retrouver enfin nos vies d’avant. »
Les yeux d’Alexis tentaient de se focaliser sur les miens mais sursautaient sous l’agitation que connaissaient ses pensées. Elle ne disait mot mais sa colère avait laissé place de l’exaspération et des doutes. Mon port de tête restait haut sans montrer signe de fierté pour autant. Nous venions à peine de nous réconcilier que de nouvelles tensions apparaissaient et cela me semblait tellement injuste, tellement fou alors que nous allions nous battre côte à côte dans moins de trente-six heures. J’étais exaspérée avec toute cette tension des derniers jours. Je ne souhaitais qu’une chose : rentrer et me poser pour les heures qu’il me restait avec mes chats. Kayla restait à deux mètres, ne sachant réellement que faire ou dire.

– « Je comprends que tu ne souhaitais pas parler de la sniper, et je l’entends. Mais il fallait que je rattrape les choses. On ne protège personne avec des mensonges et de bonnes intentions. La guerre ne prend pas de gants et il faut se préparer. Il fallait qu’elles retrouvent la hargne et l’envie de se battre… Je ne souhaite pas me disputer ce soir. Je ne regrette pas ce que j’ai dit, seulement la façon dont tu l’as interprété. Nous avons besoin de cohésion avec ce qu’il va se passer… Je rentre. J’ai des au revoir à faire. »
Sans excès de mauvaise humeur ou de rancoeur, je tournais calmement les talons pour sortir de la salle. Connaissant Kenza, elle ne tarderait pas à me rejoindre.

A l’aube du combat, les au revoir (L’Amazone, Chapitre 16)

Je finissais d’écrire les lettres d’adieux à Patrick, Gab et Damien. Des larmes avaient coulé sur le papier. Je n’avais pu m’en empêcher. J’aurais pu les écrire sur ordinateur et les imprimer mais ils méritaient d’avoir un courrier manuscrit. Quelque chose qui venait de moi, des souvenirs qui se retranscrivaient dans les courbes de mon écriture. Les mots avaient été tellement compliqué à choisir. Entre la pudeur et tout ce que j’aurais aimé leur dire et que je n’aurais peut-être pas l’occasion de faire. Faire savoir la profondeur des sentiments tout en les nuançant pour arriver à les sortir de ma main. Un exercice pour lequel je n’étais visiblement pas douée. Je ne révélais pas tout ce qui avait pu mener à ma mort, je ne souhaitais pas leur parler du clan, des lueurs et de tout ce qui pouvait les mettre en danger.
Pourquoi les noyer d’informations qui ne me rendraient pas de toute évidence à eux. La lettre de Damien était un peu plus difficile dans le sens où il avait toujours été mon confident. Mes mensonges l’avaient trahi de plus d’une façon. Une fois finies, je posais ces lettres sur mon bureau. Je me chargerai de les transmettre demain à des civiles qui évacueraient le camp. Sans retour de notre part, ils comprendraient ce qu’il nous est arrivé et enverraient les lettres. Kenza était rentrée depuis plus d’une demi-heure et je souhaitais passer la soirée avec elle. Ces derniers moments avant le combat ne devaient pas être faciles. Elle n’avait personne à qui dire au revoir, si ce n’est sa grand-mère qui vieillissait et avait fait un peu son deuil en acceptant de la laisser partir. En descendant, je perçus la lueur de Kayla.

– « Salut les filles ! Désolée, j’ai mis un peu plus de temps à organiser mes éventuels au revoir. Qu’étiez-vous en train de faire ? »

– « Nous finissions les snacks et souhaitions nous poser devant la télé pour nous changer les idées et éviter de ruminer. Tu es des nôtres ? », proposa Kenza.

– « Avec plaisir. »
Je me calais dans le canapé moelleux en dépliant un plaid qui se tenait sur le bras du fauteuil. Les filles m’imitèrent.
Kayla avait la bougeotte et semblait pensive.

– « Allez, vide ton sac que tu puisses profiter de la soirée », l’invitai-je avec un sourire en coin.

– « Tu m’énerves quand tu fais ça ! », râlait Kayla.

– « Je n’ai rien fait de spécial. Ton corps parle pour toi. »
Kenza ricana doucement.

– « Je voulais juste reparler rapidement de ta conversation avec Alexis. »

– « Je n’en ai pas trop envie, je veux juste me vider la tête… »

– « Non, ce n’est pas pour en remettre une couche. Je pense sincèrement que tu as bien fait de prendre la parole. Sarah s’en veut de cette bourde et on a toutes conscience de la confusion que cela a engendrée chez nos soeurs… Après que tu es repartie chez toi, Alexis s’en est voulu de cette saute d’humeur pour laquelle tu n’aurais jamais dû prendre. Elle se rend compte qu’elle a dirigé sa colère vers la mauvaise personne. Elle n’est pas fâchée mais a peur que tu le sois. »

– « Je ne le suis pas, comme je t’ai dit je veux juste me concentrer sur ce qui va arriver », lui dis-je dans un sourire serein, ce qui m’étonnait moi-même.
Kayla ne s’était pas repositionnée sur le canapé pour regarder le film.

– « Quoi encore ? », demandai-je patiemment.

– « … Elle va sûrement t’appeler ou venir te présenter des excuses demain. »

– « Pas la peine. Dis-lui par message que je serai là à ses côtés le jour J prête à me battre et la protéger. Rien n’a changé et rien ne changera. »

– « Je lui dirai mais je ne crois pas que ça l’empêchera de s’excuser. Au fait, je ne sais pas si vous avez prévu de vous entraîner demain mais dans tous les cas, je ne serai pas des vôtres en début d’après-midi. Tenez-moi au courant si les plans d’attaque changent. »

– « Bien sûr », rassura Kenza. « Tu feras partie de celles qui vont aménager le terrain de combat ? », demanda négligemment Kenza qui manipulait la télécommande à la recherche du film de ce soir.

– « Non. Après concertation avec Megan, on pense que les jeunes appelées de ces dernières semaines ne seront pas prêtes. Nous allons les mettre à l’abri avec des vivres, des armes et de quoi s’échapper si cela tourne à notre désavantage. »
Sa mine se ferma à l’évocation de cette possibilité. Leur initiative était tout à leur honneur. Pas besoin de mener à l’abattoir des jeunes femmes qui ne comprenaient pas encore l’implication de leur nouvelle condition. Mais quelque chose me chiffonnait.

– « Vous savez déjà où vous allez les cacher ? », demandai-je.

– « Non, Megan m’a donné carte blanche sur l‘endroit. »

– « Garde cette info pour toi dans ce cas », lui conseillai-je avec un ton lourd de sens.

– « Pourquoi tu me dis ça ? », m’interrogea-t-elle, inquiète.

– « Je trouve toujours bizarre que des snipers aient pu aussi aisément entrer dans notre enceinte. Je crains que nous ayons effectivement une taupe, et le fait qu’Alexis nous ait isolées pour parler du plan d’action est un signe qu’elle le pense aussi. Et puis je ne sais pas, il y a trop de choses bizarres… Des personnes qui n’agissent pas comme elles le devraient… »

– « Qui ? », demanda Kayla.

– « Je ne sais pas, je ne sais plus… Je pense juste que pour plus de sécurité, tu devrais garder cette info pour toi et leur donner des directives claires pour s’enfuir. Moins il y aura de personnes au courant, plus elles auront de chance de s’en sortir. »

– « Ok… », admit mon amie, d’un air sibyllin.

– « Avant de partir, je te donnerais des lettres à remettre à l’une d’entre elles. Elle les postera, tout est déjà prêt… »
Kayla acquiesça sans poser de question.

– « Bon, quand vous aurez fini votre conversation un peu déprimante, les filles, pourrons-nous nous poser calmement devant la télé et penser à autre chose ? », s’impatientait Kenza qui était visiblement d’humeur maussade.

La nuit ne fut pas brillante mais j’étais de nouveau d’attaque pour un entrainement léger avec Gwen sur la rapidité. Kenza était invitée à se rejoindre. Gwen souhaitait peut-être s’assurer par elle-même que nous arriverions à garder notre sang froid. Elle insistait particulièrement avec moi sur les maîtres mots : focus, optimisme et calme. Je me demandais bien en quoi cela pouvait impacter mes soeurs de combat que je garde mon calme : nous serons toutes bien trop occupées sur le terrain demain pour se rendre compte
que l’une d’entre nous perd les pédales. Mais elle continuait d’insister :

– « Pour le bien de nous toutes, continue de penser avec la même ferveur qu’hier que nous allons y arriver. »
L’entraînement ne fut pas brillant mais il eut le mérite de détourner notre attention du compte à rebours. Après avoir pris notre douche, nous décidions avec Kenza de nous balader dans le camp et voir si personne n’avait besoin de notre aide pour les derniers arrangements. Ce que nous vîmes eut tendance à nous mettre le moral dans les talons. Un premier convoi de civiles se mettait en route pour se mettre à l’abri hors du camp. Parmi eux, des enfants disaient au revoir à leur mère. La scène était déchirante pour moi qui ressentait ce qu’il se passait. Une lueur en souffrance m’interpella plus que les autres car je ne la connaissais que trop bien : celle de Megan, qui embrassait ses enfants en tentant de ravaler ses larmes. Jim tentait de garder la face et de rassurer les enfants. Ils feraient partie de ce premier voyage. Cette scène intime de leur vie de famille me mit mal à l’aise. J’avais l’impression de leur manquer de respect rien qu’en les observant. Megan écrasait une larme discrète en serrant son mari dans ses bras. Sur les lèvres de Jim, je pouvais lire « au revoir, pas adieu ». Leur aînée tenait son petit frère par l’épaule. Réalisaient-ils ce qu’il se passait ?
Cela était toujours mieux que de revivre la terreur de la première attaque dont ils avaient été témoins.
Certaines d’entre nous finissaient d’ériger des remparts pour guider l’ennemi dans le camp s’il venait à passer nos portes au-delà de la forêt. J’avais un doute sur le plan d’Alexis qui consistait à garder quasiment le même terrain d’attaque que dans la vision de Kenza et Elena. Si le camp adverse avait aussi une pythie, elle verrait les modifications apportées, même les plus infimes, ainsi que nos préparatifs et donc cela changerait automatiquement le destin.

– « C’est pour ça qu’Alexis ne veut pas trop modifier le Destin pour nous donner une chance d’utiliser une part de ce savoir sans pour autant changer le cours de ce dernier », me confit Gwen qui avait senti mon humeur.
J’acquiesçai toujours perdue dans mes réflexions.

– « Relax et crois-en ce que tu nous as dit hier. S’il te plait. »
Je reçus un appel d’Alexis sur mon portable qui me cherchait. Elle voulait s’excuser en personne mais je n’avais pas envie de reparler de l’évènement. J’étais ailleurs. A la fois concentrée sur les évènements de demain et complètement à côté de la plaque sur la réalité du présent, je lui confirmais donc qu’il n’avait pas lieu de s’excuser et que j’avais compris les tensions auxquelles elle était soumise. La rassurant encore sur le fait que je ne lui tiendrai pas rancune et que je serai dans les meilleures dispositions demain, elle accepta ma demande d’en rester là. Peut-être avait-elle besoin de se rassurer sur l’issue du combat, mais je n’étais pas d’humeur. J’étais ailleurs dans ma tête. Même mon âme de guerrière semblait avoir déserté. J’invitais Gwen à rejoindre Alexis pour lui tenir compagnie. La petite répétition du jour était terminée. Kenza et moi voulions dormir quelques heures avant de nous lever cette nuit pour le combat.

De retour chez nous en silence, nous primes une collation avant de nous doucher et de rejoindre nos chambres respectives. Nous avions besoin de calme, l’une comme l’autre.
Le stress montait chez Kenza. J’avais moi-même peur du lendemain. Je sentais que j’aurais quelques difficultés à dormir, mais je me forçais à rester allonger pour me reposer. Quand mes doutes revenaient en grand nombre, je me souvenais du conseil de Gwen : ne surtout pas paniquer. Les résultats étaient mitigés mais j’essayais du mieux que possible. Je lui avais promis. Après quelques heures d’un sommeil très léger, mon réveil sonna. Je filais tel un automate sous la douche. Kenza qui était également réveillée était descendue prendre son petit déjeuner. Je finissais d’enfiler ma tenue thermo avant de descendre prendre une collation légère. Je n’avais pas faim mais il me fallait quelque chose dans le ventre pour avoir de l’énergie. Je remonterai me laver les dents plus tard avant de redescendre mettre ma nouvelle armure qui était restée avec celle de Kenza dans le salon. Nous avions déposé les malles hier en fin de journée. Nous n’étions pas sûre de pouvoir les enfiler par nous-mêmes. Un petit coup de main ne serait pas de trop si cela se présentait, aussi devions-nous nous retrouver au rez-de-chaussée pour finir de nous préparer. La cuisine était de nouveau déserte quand je descendais. Kenza devait être sous la douche. Les chats miaulaient en se frottant entre mes jambes. Je me penchais pour les caresser et les embrasser quand je réalisai soudain que je n’avais pas pensé à un plan B pour ces petites bêtes. Je ne pouvais pas les confier aux jeunes appelées planquées je ne sais où par Kayla. Il était trop tard pour le faire et je me doutais qu’elles auraient d’autres préoccupations. Le coeur gros, je me dirigeais vers leurs gamelles pour mettre un surplus considérable de nourriture. Pendant qu’ils dévoraient, insouciants de ce qui allait se passer, je me dirigeais vers la buanderie où se trouvaient les machines à laver pour entrouvrir la fenêtre de cette pièce. Ils ne penseraient pas à s’enfuir mais s’ils le devaient, ils auraient une option et de la nourriture en plein pour ne pas mourir tout de suite. Je retenais mes larmes comme je le pouvais. Une boule énorme se formait dans ma gorge, j’en avais du mal à déglutir. Au moins, mes chats pouvaient aussi s’en sortir. Je les câlinais tout en tentant d’avaler des toasts et un jus d’orange. Je profitais de les regarder encore et encore en espérant que cela me suffirait en guise d’au revoir. A contrecoeur, je remontai à l’étage pour me brosser les dents. Une fois fini, je me mis à la recherche de Kenza. En entendant un bruit de cliquetis dans le salon, je me doutais qu’elle commençait à ouvrir nos malles.
Arrivée à sa hauteur, je tentais de lâcher avec nonchalance un « alors, bien dormi ? » mais le coeur n’y était pas. Kenza comprit et me sourit tristement en haussant une épaule pour me signifier qu’elle avait connu mieux. Ces armures étaient neuves mais ressemblaient aux officielles. Je tentais de me remémorer les pièces que nous avions mis en premier pour la cérémonie des ceintures. Nous commencions par les cuisses, ce qui était facile à enfiler seul, ainsi que le gilet par balle. Connaissant la réputation de l’ennemi, mieux valait le porter. Je dissimulais au fur et à mesure mes armes de secours dans mon équipement. Je me souvenais par la même occasion de ma première impression en découvrant le camp. La peur éprouvée les jours précédents avaient enfin laissé place à un sentiment positif. Je me sentais enfin en sécurité. Puis il y avait la découverte d’Alexis et ce sentiment très fort d’avoir besoin de la protéger alors que je ne l’avais jamais rencontrée. Toutes ses largesses dont elle avait fait preuve pour nous accueillir… J’ajustai ma ceinture restée à l’abri sous ma combinaison noire pour qu’elle ne gêne pas l’empiècement de cuir autour de la taille. Je me rappelai alors la cérémonie pendant laquelle je l’avais reçue. Chaque matin, elle me rendait tellement fière. Elle contribuait à mon sentiment d’appartenance au clan. Les entraînements dans le froid n’avaient pas réussi à me dégoûter. Parce que nous les faisons ensemble, Kenza et moi. Parce que nous les faisons avec les filles et que nous finissions par rire de nos mésaventures ou de nos petites blessures du jour. Et dire que tout pouvait prendre fin pour certaines d’entre nous, voire toutes, aujourd’hui même. Arrivée à la pièce principale qui se posait sur le buste, je me tournai instinctivement vers Kenza pour ajuster cette pièce l’une sur l’autre.
Elle avait déjà la sienne dans les mains. Nos regards se croisèrent. Elle partageait visiblement les mêmes pensées : aujourd’hui, nous allions peut-être encore perdre notre maison et nos amis. Ce fut la réalisation de trop. D’instinct, je la serrai fort dans mes bras et laissai enfin mes larmes couler. Elle resserra l’étreinte et craqua à son tour. C’était tellement injuste.
Pourquoi ? Après tout ce que nous avions réussi à reconstruire… Notre étreinte ne dura pas longtemps. Nous nous reprîmes rapidement sans un mot. Je me déplaçai près de la télé pour querir des kleenex et en donner à Kenza dont les mains tremblaient encore. Malgré mes peurs, la vie au camp était géniale et j’aimais profondément cette nouvelle vie. Même si j’avais dû faire des sacrifices, je ne regrettai aucun moment passé ici. Nous enfilâmes le reste de la combinaison seule ou en nous entraidant. Le tout, toujours dans le calme. Nous sortîmes de la maison pour nous rendre sur la grande place d’où nous devions partir en direction de la porte Nord et des bois aux alentours. Nous ne prîmes pas la peine de fermer la maison à clé. A quoi bon…
Très vite, nous arrivions au point de rendez-vous. Kayla, Megan, Belen, Mei-Wen et Tara nous rejoignirent au croisement qui donnait sur cette grande place. Toutes portaient comme nous boucliers et armes. Mei-Wen et Tara étaient dans le même état que nous.
Megan avait encore les yeux bouffis d’avoir dû pleurer la veille au soir. Kayla était concentrée mais n’avait pas l’air inquiète. Elle me faisait penser à un rapace. Pourtant elle sortit de cet état pour nous accueillir. Devant nos mines inquiètes, elle s’arrêta sur place et échangea un regard avec Megan qui comprit. Elle se penchait vers nous en posant une main sur l’épaule de chacune

– « J’imagine votre peur, mais rappelez-vous les filles que vous êtes entrainées et que nous sommes toutes là pour compter les unes sur les autres. Vous avez fait des progrès considérables depuis votre arrivée : ne flanchez pas devant l’ennemi car vous avez largement de quoi leur tenir tête. Croyez-nous… »
Nous hochâmes la tête, tentant de nous convaincre de ses mots.

– « Rise and shine, amazons! Aujourd’hui est une journée de combat comme les autres mais un peu plus mouvementée. Et comme les semaines précédentes, vous allez faire des merveilles », finit Kayla dans un clin d’oeil complice.
Sa boutade me rendit le sourire. Nous nous dirigeâmes vers Alexis qui redonnait ses consignes aux différentes factions. Une vague d’inquiétude m’envahit de nouveau. Par habitude, nous nous plaçâmes aux côtés de notre alpha où se trouvaient déjà Gwen et Elena.
A notre arrivée, Alexis me sourit avec un peu d’insistance. Je n’écoutais que distraitement les consignes, les connaissant déjà. J’avais vu et revu dans ma tête ces dernières heures tous les scénarii possibles. Un premier mouvement des troupes m’avertit que le temps des discours était fini. Nous nous mettions en marche vers la porte Nord. Je sentais l’exaltation mais aussi les craintes de mes soeurs de combat. Je tentais discrètement d’apercevoir mes comparses parmi les troupes. Sarah et Kayla avaient la charge d’une faction. Callie était déjà partie dans les bois avec une petite milice. Belen devait la rejoindre pour prendre la tête d’une autre milice. Outre le fait de préparer le terrain, Callie avait tenu à être sur place au cas où l’ennemi avait avancé l’heure du combat. Ankara était à la tête d’une faction qui fermait le flanc droit de nos rangs. Alors que nous nous éloignions du camp, les lumières des lampadaires qui pavaient jusqu’ici nos rues, se firent rares. Je réalisais à quel point il était tôt en passant la porte Nord car la nuit régnait, fait dont je n’avais pas pris pleinement conscience lorsque nous avions rejoint Kayla et Megan plus tôt … Seules quelques-unes d’entre nous servaient d’éclaireuses avec des lampes torches. Le but était de rester discrètes. Si faune il y avait dans cette forêt, alors elle se faisait toute petite au bruissement de nos équipements. Dans une demi-heure, le combat commencerait. Il nous restait quinze minutes pour rejoindre le champ de bataille et disposer nos forces pour les accueillir. Le silence était toujours d’ordre. Le silence et l’obscurité de la nuit. Les deux conjonctures les plus favorables aux angoisses incontrôlées. Je tentais de me rappeler des consignes de Gwen. Ironie du sort, le temps s’écoulait bien vite lorsqu’on voulait le figer. Nous arrivions déjà sur le terrain. Callie et ses troupes se manifestaient dans les arbres et autres recoins rocheux du terrain. Les milices se répartissaient le champ de bataille. Alexis avait tenu à être au front, malgré nos réticences, pour redonner du courage au clan. Afin de ne pas courir de risques inutiles, Gwen, Kenza et moi étions à ses côtés en plus de la milice dirigée par Kayla, Sarah et Megan. Elena restait en retrait pour voir l’évolution du combat et préparer les lignes arrières en cas de repli. Les grands pins et mélèzes de cette dense forêt laissaient peu de visibilité mais nous scrutions tout de même l’horizon, en espérant voir des premiers indices de leur arrivée. La neige avait laissé le champ libre à une verdure timide qui avait du mal à s’imposer et bourgeonner dans ce froid ambiant. Synchronisées comme toujours, le voile rouge s’abattit sur mon regard au moment où Kenza tressaillit. Ma guerrière se réveillait dans un sursaut de fureur alors que celle de Kenza venait de percevoir l’ennemi. La guerrière de Kenza grognait férocement. Avant de l’imiter, la mienne eut la présence d’esprit de prévenir nos soeurs.

– « Elles arrivent ! »
Un râle caverneux et plein de haine sortit de ma poitrine. Mes mains se resserraient sur mon glaive et mon bouclier.*

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L’Amazone – Roman Fantasy – faits et Fiction

Valkyries – Qu’est-ce que le Ragnarök?

Dans la mythologie nordique, le Ragnarök (ou aussi appelé Consommation du Destin des Puissances) renvoie à la prophétie qui annonce la fin de notre monde pour la naissance d’un nouveau monde. Une certaine chronologie/succession d’événements naturels et de guerres laisse présager le Ragnarök:

• Cela commence avec la mort du dieu Balder, qu’il vit lui-même dans ses songes. Loki, par de subtiles subterfuges, dirige le bras de Hoder (frère aveugle de Balder) tenant la branche de gui qui tuera Balder.
• Fimbulvetr (ou le Grand Hiver) qui dure trois ans, avec glaces, neige et vent glacial. C’est à l’issue de cet hiver que se battront les Dieux et Géants sur le champ de bataille nommé Vigrid.
• Fenrir dévore alors le soleil quand Managarm mange la lune.
• Fenrir et Loki se libèrent de leurs chaînes.
• Jörmungand, le serpent des mers de Midgard provoque un raz de marée pendant qu’une armée de morts se dirige vers Asgard sur le Naglfari, bateau construit avec les ongles des morts et conduit par Loki.
• Les géants de la glace, Fenrir, le serpent Jörmungand et Loki s’associent pour attaquer le royaume d’Asgard. Sur le champ de bataille, nommé Vigrid, ils affrontent Odin et les Einherjars (tous les guerriers valeureux morts sur le champ de bataille, qui patientaient au Valhalla en attendant ce grand combat). Les géants, Fenrir, Jörmungand et Loki font écrouler le pont Bifrost et Heimdall prévient les dieux grâce au cor Gjall. Odin connaissait déjà à l’avance ce qu’il adviendrait de ce combat et ne se faisait aucun espoir le concernant. Mais il s’était résigné à poursuivre sachant que l’Univers y survivrait, ce qui était essentiel à ses yeux. Lors de la bataille, Odin se fait mordre à mort par Fenrir. Vidhar le venge. Thor tue Jörmungand mais meurt malheureusement empoisonné par le venin du serpent, qui avait réussi à le mordre. Freyr est tué par Surt. Tyr et le chien Garm, Heimdall et Loki s’entretuent. Le géant de feu Surt provoque alors un incendie qui détruit le monde. Un nouveau monde « ressurgit de l’eau, frais et vert ». Vidar, Vali, Modhi et Magni y vécurent ainsi que Balder et Hoder qui avaient été ressuscités. Un couple d’humains, Lif et Liftrasin, survécurent au Ragnarök en se cachant dans l’arbre d’Yggdrasil. Ils furent en charge de repeupler la Terre.