La Mort Devant – L’AMAZONE

Illustration chapitre 1 de l'Amazone - La mort devant - illustration de Chloé Rogez

Chapitre 2 – L’Amazone – Tome 1

Nouveau réveil avec la tête dans le cosmos. Une tête à déterrer un mort. J’avais vraiment beaucoup de mal à émerger. Petit rituel du matin : croquettes pour chats, cinq minutes de jeu avec eux, douche, « ravalement de façade » et défilé de mode devant le miroir. Je ne prenais pas de petit- déjeuner par manque de temps. En sortant de mon appartement, je croisai mon voisin de palier et le saluai d’un sourire. A neuf du matin, il était déjà stone. Mais il restait aimable et serviable.

J’étais en train de méditer sur le rythme de vie de mes voisins de pallier, lorsqu’en poussant la porte de l’immeuble, le froid me réveilla. Je me souvenais des mises en garde de mon père. En resserrant mon manteau et l’écharpe en laine, je pestai contre le périple que je devais affronter. Le temps voulait-il ma mort? Je devais traverser les cinq cents mètres qui me séparaient de ma station de métro en converse sur la glace, déposée cette nuit sur les trottoirs de Paris. Au loin, je vis un type se ramasser. Cette patinoire improvisée n’avait pas l’air de le réjouir. Je pris mon courage à deux mains et me lançai. Je mis dix minutes à rejoindre la station, soit quatre haltes et sept débuts de chute évités de justesse. Les bus roulaient au ralenti. Certaines lignes de métro seraient certainement bloquées. Paris sous la neige ou la glace est un calvaire. Heureusement que mon rendez-vous client s’était déroulé la veille. Chargée comme je l’étais, j’aurais eu beaucoup de peine à arriver en un seul morceau. Un accident de voitures me tira de ma rêverie. Comment pouvait-on songer à prendre sa voiture avec un temps pareil. Bande de crétins…

La mauvaise humeur était contagieuse ce matin. En poussant la porte de l’open space, je ne vis qu’irritation et exaspération sur le visage de mes collègues. J’avais à peine le temps de poser mon sac que Robert, le combiné de téléphone coincé entre son épaule et son oreille, me fit signe des vitres de son bureau. En jetant un coup d’oeil à ma montre, je vis que le verglas m’avait mis plus en retard que je ne l’avais cru. Je courrai, le manteau encore sur le dos et le rejoignais dans son bureau.
L’entretien téléphonique dura une heure, pendant laquelle nous ne fûmes bons qu’à reprendre le brief du client. Perte de temps totale. De retour à mon poste, j’allumais mon ordinateur.

Giovanni D., envoyé aujourd’hui à 9h00
« Bonjour Elise,
J’ai essayé de te joindre à ton poste mais tu n’étais pas encore arrivée. J’aimerais que l’on revoit les chiffres que tu m’as envoyés hier. Appelle-moi dès ton arrivée. Giovanni
»

Giovanni D., envoyé aujourd’hui à 9h14
« Tu ne m’as pas encore appelé ! J’attends ton coup de fil. »

Giovanni D., envoyé aujourd’hui à 9h25
« J’attends encore »

Suivaient cinq autres messages de ce genre, jusqu’à 11h00. Je comprenais qu’il ait envie de discuter de ses campagnes, mais tout de même… pas besoin d’harceler les gens par email. Je n’étais pas d’humeur maternante aujourd’hui. Ni spécialement gentille. J’écrivais de ce pas un email à ce cher Giovanni.

« Bonjour Giovanni,

Désolée de ne pas avoir répondu plus tôt aujourd’hui. Je suis actuellement en rendez-vous professionnel jusqu’en début d’après-midi et n’ai qu’un accès limité à mes emails. Je te propose de revoir les chiffres à mon retour vers 15H. Je te remercie d’avance pour ta compréhension et te souhaite une très bonne journée,

Elise »

Règle N°1 : se justifier avec un autre rendez-vous professionnel, le client ne peut s’en offusquer !
Je prévenais de ce pas Robert et justifiais cette petite entorse à mon professionnalisme par un surplus de travail « à rendre pour midi ». Même s’il ne se serait permis aucune remarque, je n’avais pas envie de justifier ma mauvaise humeur. Je prévenais aussi mes collègues de ne pas me passer Giovanni en ligne. Je m’étais déjà faite avoir de la sorte.
Je ne saurai dire pourquoi mais je ne sentais pas cette journée. Mais vraiment pas. J’aurais dû demander à Robert de travailler de chez moi à cause du verglas. Il aurait accepté, bien sûr.

Fatiguée et (décidément) de très mauvaise humeur, je décidai de me lancer dans une activité qui ne demandait pas trop d’effort de réflexion.

Mort sur patinoire (L’Amazone, Chapitre 2)

Midi sonnait. Nous avions donné rendez-vous à nos « collègues » du dessus au pied de l’immeuble. Les trottoirs avaient été partiellement salés pour les services de la ville pour éviter les chutes et autres accidents. Au moins, nous avancerons plus vite que ce matin. Je saluais tout le monde à mon arrivée. L’atmosphère était déjà plus détendue avec mes collègues. Je m’autorisai un sourire prudent et un signe de la tête en direction d’Olga. Celle- ci me rendit la pareille. Pendant le trajet, je remarquais qu’elle ne parlait à personne, pas même à ses propres collègues. J’étais moi-même en retrait et parlais peu, mais les filles me connaissaient et savaient qu’en cas de mauvaise humeur, me laisser sortir calmement de mon petit monde était la meilleure solution. Elles savaient que ce comportement n’était pas dirigé contre elles.

Pour Olga, je sentais que ce n’était pas pareil. Elle n’échangeait pas de regards amicaux avec ses collègues. Elle donnait même l’impression de ne pas avoir l’habitude de manger avec eux. Elle marchait à mes côtés en regardant le trottoir, l’air pensif. Pendant le trajet en métro, elle était également à mes côtés. Elle paraissait si seule à cet instant. Je me ressaisissais. Après tout, c’est la même personne qui me foutait les boules le soir en rentrant.

Arrivés au petit resto que l’on connaissait, je remarquai que celui-ci était bondé. Nous patientâmes quelques minutes à l’entrée. En me décalant sur la gauche, mes converses se dérobèrent sous une couche de glace. Heureusement, Christopher et Stéphanie me rattrapèrent au vol. Quelle journée pourrie ! Je n’en sortirai pas vivante. Jetant un coup d’oeil au trottoir, Olga nous fit remarquer que le sol était encore jonché de petites plaques verglacées, oubliées par les services de la mairie. Je ris intérieurement quand je lus sur les visages de mes collègues leur surprise en entendant pour la première fois la voix d’Olga.

Un serveur vint à notre rencontre pour nous placer. Nous avions réservé une table plus tôt dans la journée. J’étais un peu déçue de notre table. Nous étions dans un coin du restaurant, près du comptoir et de la vitrine des desserts avec malheureusement aucune vue directe sur le parc. Pour créer l’illusion, ils avaient disposé de nombreux miroirs sur les murs pour agrandir la pièce. Au moment de prendre place, je voyais mes craintes de la veille se confirmer. Olga prenait place à ma droite. Stéphanie, compatissante, se plaçait à ma gauche, tandis que Caroline et Christopher nous faisaient face. D’un coup d’oeil, j’attirais l’attention de Stéphanie sur Christopher, qui dévorait sa voisine des yeux. Après cela, on ne pourrait plus dire que je me faisais des films. Complice et convaincue, Stéphanie me sourit. D’un mouvement brusque et maladroit, Olga se retournait vers moi.
– « Je t’ai vue l’autre fois t’arrêter chez le primeur près du bureau. J’hésitais à y aller. Les produits sont frais ? »
Décidément, elle faisait beaucoup d’efforts pour se fondre dans la masse. Consciente de ces derniers, Stéphanie tentait de se joindre à cette conversation.
– « Moi aussi, j’hésitais. A première vue, ça a l’air très propre et bien tenu, mais je me demandais si les fruits étaient bons ? »
Je reculai légèrement mon siège pour faciliter cette conversation à trois. Après cinq minutes de bavardages mondains, qui ne semblaient pas être un exercice inné chez Olga, un serveur nous interrompit pour prendre la commande. Nous prenions tous des plats à la carte. Je décidai de me faire plaisir ce midi. Feuilleté de chèvre en entrée, suivi d’un hachis Parmentier de canard et pour finir une tarte aux fraises en dessert. Les autres ne suivirent pas mon rythme. Ma gourmandise était un sujet de blague récurrent au travail.

Après avoir fini l’entrée avec les blagues « trop drôles » d’un collègue de Christopher, je repris, un peu par dépit, ma conversation avec Olga.

–  « J’ai noté que tu te dirigeais toujours vers la ligne 8 du métro. Tu habites sur Paris ? »

–  « Oui, j’ai un petit studio près de la Porte de Charenton ».
Silence. Elle me regardait avec une esquisse de sourire. Elle avait visiblement l’air contente d’être là. Je réitérai donc l’effort. Mon père avait l’habitude de dire que j‘étais tellement bavarde que je pourrais faire la discussion à un chien portant un chapeau. Je n’avais jamais vraiment compris cette boutade, mais autant utiliser ce don avec Olga.

–  « Et ton quartier est bien ? Je n’y ai jamais mis les pieds à dire vrai. »

–  « Oui », enchaîna-t-elle, ravie que la conversation reprit. « Il y a peu de boutiques aux alentours de mon appart mais je trouve le nécessaire : un commerce de proximité, une boulangerie, une banque et une poste. Si je marche un peu plus, je rejoins les grandes artères et je retrouve les boutiques. Mais ça m’arrange. C’est assez calme. Il y a peu de jeunes dans le quartier. Beaucoup de retraités ou de petites familles. Je peux rentrer tard sans m’inquiéter. Ça ne craint rien. Du moins, ça ne craignait rien ».
Sans vouloir lui faire de la peine, avec sa carrure, elle aurait pu trainer dans le Bronx à trois heures du matin, elle passait son chemin tranquille. Je relevais toutefois sa remarque, plus dans le but de continuer cette conversation.

–  « Pourquoi « craignait » ? Le quartier a changé ? »

–  « Non, pas vraiment, mais cela fait deux fois cette semaine que j’ai l’impression d’être suivie en allant faire mes courses ou en allant au distributeur automatique de ma banque. Je n’ai pas été agressée, bien sûr ! », admit-elle soucieuse. « Mais je pense qu’il en aurait fallu peu pour que je le sois. Heureusement que les rues sont bien éclairées le soir. »

Oui, c’était cela. Les lumières t’avaient sauvée… Je ne pouvais m’empêcher de sourire à l’idée que seul un junkie en manque et totalement perché prendrait le risque de l’attaquer. Il aurait couru assurément à sa mort. Elle interpréta mon sourire comme un signe de compassion.

Les plats nous furent servis. Caroline, piquée par la curiosité, en profitait pour entamer une conversation avec Olga. J’avais pour ma part trop faim pour continuer. Je remarquais l’air excédé du deuxième garçon qui venait servir les plats. Après observation, ce n’était pas un serveur mais le gérant qui devait donner un coup de main en cette période de rush. Il avait l’air à fleur de peau. Inutile de dire que si je lui faisais remarquer que mon plat était trop froid, je me ferais envoyer paître. Un des collègues de Christopher était reparti sur une série de blagues aussi nulles que les précédentes. Qu’est-ce qu’il pouvait être lourd aujourd’hui… Je pris un petit morceau de pain sur la table que je lui balançais sur le front. C’était primitif, je le conçois. Et je m’attendais à ce que les autres me sermonnent sur le gaspillage de nourriture, mais tous se mirent à rire. A croire que je n’étais pas la seule à souffrir de son humour. Il comprit le message et arrêta sa tirade.

Contre toute attente, je prenais conscience qu’être assise à côté d’Olga n’était pas si désagréable que ça. Je ne ferai jamais une journée shopping avec elle – il ne fallait pas pousser quand même – mais elle avait réussi à me sortir de mon petit monde un peu ronchon sans trop m’irriter. Ayant entamé la moitié de mon plat, je m’efforçai de reprendre le fil de la conversation, maintenant que mon estomac criait moins famine. Mon hachis Parmentier de canard était presque froid, ce qui finit de calmer mes élans de gourmandises. Caroline et Olga parlaient encore du quartier de cette dernière. J’étais sur le point de lui recommander de faire ses courses près du travail, quand j’aperçus un gars lisant son journal à table. En gros titre, « la Crise ». Encore et toujours. Mon niveau d’exaspération montait à la vision de ces personnes assez impolies pour se permettre de lire à table en face de leur convive. Non pas que je sois à cheval sur les bonnes manières, mais ce geste incongru m’avait frappé. Tellement que cela dut se lire sur mon visage.

– « Qu’est-ce qui se passe, Elise ? », me demande Caroline en se tournant sur sa chaise pour voir ce que je regardais. « Qu’as-tu vu ? »
– « Je pense que le gars lisant son journal en plein déjeuner au restaurant l’a frappé », intervenait Olga dans un demi-sourire. « A la rigueur, s’il était seul à table, cela pourrait l’excuser, mais vu que ce n’est pas le cas et que ça ne s’accorde pas au standing du restaurant, sa conduite est plus que dérangeante. »

Cette longue tirade interrompait mon blocage sur cet individu. Olga se montrait étonnamment de plus en plus éloquente.
– « Exactement. Les gens sont vraiment sans gêne. Je ne sais pas si ce n’est qu’en France ou si on le constate également à l’étranger, mais les bonnes manières sont en train de se perdre. Et puis toujours les mêmes gros titres sur les journaux », finis-je, lasse et irritée.
– « C’est vrai, on ne parle plus que de ça », constatait tristement Caroline dans un mouvement de tête, dépitée. « Et ça ne va pas s’améliorer. Sur Paris, nous nous n’en rendons pas encore compte mais la situation est critique dans certaines régions, surtout les plus industrielles. Nous pouvons remercier notre bonne fortune de travailler dans le web. La récession n’a pas encore touché ce secteur. »
J’acquiesçai de la tête, le regard fixé sur un autre homme, qui faisait nerveusement les cent pas devant le restaurant. Je n’avais pas vraiment envie de continuer cette conversation déprimante. Cela n’était visiblement pas le cas de Stéphanie, qui avait rejoint la conversation en citant un nouvel exemple de patron pris en otage dans sa propre société par ses employés. Le scandale des « parachutes dorés » dans la presse alimentait cette colère et cette frustration. Le restaurant commençait à se vider un peu. Le type dehors semblait le noter. Sa gestuelle était de plus en plus saccadée, mais son regard était décidé.

Les coups de feu et la glace (L’Amazone, Chapitre 2)

Nous entamions tranquillement le dessert quand tout s’enchaîna très vite. L’homme qui patientait encore dehors pénétra dans le restaurant en hurlant, une arme pointée sur le gérant et une deuxième sur la salle où nous déjeunions.
– « Ne bougez pas … tout se passera très bien ».

Sur le coup, beaucoup d’entre nous crûmes à une blague tant la situation était grotesque et le monologue cliché. Mais le balayage du canon sur la salle nous ramena vite à la réalité. Il ne plaisantait pas. Un coup d’oeil à l’entrée du restaurant et nous vîmes qu’il était seul. Seul à faire un hold-up. Seul pour couvrir ses arrières tout en braquant la caisse. Sa nervosité ne faisait aucun doute et était plus que compréhensible. Elle était palpable et communicative. Ses tremblements le trahissaient. Le temps s’était figé pour laisser place à un silence de glace que rompaient les crépitements et autres bruits de cuisson en cuisine. Mesurant dans les 1,80m, les cheveux bruns et ternes, il était habillé d’un jean déchiré et délavé. Il affichait des résidus de tâches qu’une vie entière n’aurait pas suffi pour les enlever. Une chemise et un blouson assez épais finissaient de le couvrir par cette température. Ce n’est qu’après avoir noté ce genre de détails que je me concentrais sur son visage. Son teint livide faisait l’écho de nuits blanches passées à se poser maintes questions. Son visage trahissait un désespoir trop longtemps contenu. Et en même temps on pouvait y lire une telle détermination. De mon siège, il m’était impossible de voir la couleur de ses yeux.

Réfléchissant aux détails que mon cerveau était en train de graver, je constatais avec surprise que j’étais en train de graver son image comme si je m’attendais à devoir le restituer plus tard… J’aurais dû paniquer, comme les autres. Mon instinct de survie était en grève ?

Un coup d’oeil autour de moi me confirma la stupeur et la terreur que je pouvais lire sur le visage de mes collègues. Stéphanie avait serré sa fourchette de ses deux mains, près de son cœur, telle une madone en prière pour qu’on lui accorde la vie sauve. Un collègue de Christopher avait renversé son verre qui s’était éclaté sur le sol. Un autre client sur ma droite avait bouché ses oreilles de ses mains. Les réflexes du corps lorsque la raison nous échappe étaient impressionnants.
– « C’est… c’est un holdup, ne bougez pas », hurlait l’homme armé. « Si tout le monde ferme sa gueule et reste calme, ça devrait bien se passer ».
Mon Dieu, ce cliché… Sa voix d’abord hésitante laissait échapper désormais toute sa haine. J’avais mal évalué la situation. Elle était pire que je ne le croyais : on ne raisonne pas un homme désespéré. À mes côtés, Olga s’était liquéfiée. Je priais le ciel et les enfers pour que personne n’entre à ce moment-là. Il tirerait à coup sûr sur l’assistance.
– « Bon, maintenant, je veux tous les serveurs et les clients dans ce coin du restaurant », criait-il en désignant du bout du canon le coin le plus en évidence de la salle. « Toi, le gérant, tu te fous derrière la caisse dès que je te le dis et tu me rempliras un sac avec tout le fric que tu as. Ne t’amuse pas à faire le malin ou essayer de prévenir quiconque, car je ne déconne pas. »
Nous nous levâmes tout doucement pour rejoindre le coin indiqué. Nous faisons le moins de bruit possible pour nous déplacer. Les mains légèrement remontées à la hauteur du buste, nous évitions tout geste brusque. Olga et Caroline tremblaient des pieds à la tête. Jeanne sanglotait. Je tentais de la réconforter du regard. Je me répétai les mêmes mots depuis bientôt une minute, qui me semblait alors une éternité. Ne. Panique. Pas. Tout ira bien.

Il fallait s’en convaincre. Si la nervosité me gagnait, ma gaucherie reprendrait le dessus, déclenchant une chute ou que sais-je encore. Nous étions bientôt tous regroupés quand le braqueur s’aperçut que le cuisinier n’avait pas bougé.
– « Hé, là-bas. Tu es sourd ou tu veux que j’intervienne ? Tu te bouges le cul et tu rejoins les autres ! Maintenant ! »
Il était de plus en plus tendu. Cela ne présageait rien de bon. Le cuisinier s’éclaircit la voix. Vaine tentative car c’est d’une voix tremblotante qu’il sortit :
– « Je veux bien, m’sieur. Mais si je ne bouge pas les poêles et casseroles qui sont encore sur le feu, ça va vite déclencher un incendie. Je sais que vous ne plaisantez pas. Je ne tenterai rien, je vous le jure. J’ai des enfants », s’emballa-t-il. « Est-ce que je peux éteindre ce qu’il y a sur le feu et rejoindre les autres ? »
– « Vas-y mais fais gaffe. Ne te fous pas de ma gueule… »
Son arme pointait désormais le cuisinier et suivait son cheminement. Nous étions désormais regroupés dans le fond de la salle. Les hommes du groupe n’en menaient pas large. Certaines femmes craquaient nerveusement. Un jeune serveur qui ne devait pas avoir plus de dix-huit ans, un gamin presque, ne tardait pas à les imiter. Je m’attardais sur ses armes. Il pointait le gérant encore à la caisse de son automatique. Même si j’étais incapable d’identifier cette arme (je ne connaissais que les neuf millimètres pour en avoir entendu parler dans les films d’actions), j’étais à même de reconnaître un automatique. Cette arme devait quand même coûter cher. Comment il avait pu se la procurer restait pour moi un mystère. De son autre main, il nous pointait. D’un fusil à canon plus long. Ce n’était pas une carabine de chasse. J’en avais déjà vues dans mon enfance. Cette dernière était plus sophistiquée. Dans les deux cas, j’étais incapable de dire si elles étaient chargées et de combien de balles disposaient chacune des armes.
– « Toi, le gérant ! Tu commences maintenant à remplir le premier sac que tu vois avec le contenu de la caisse. Les mains bien en évidence. »
D’un signe de la tête, le gérant obtempéra.
Se sentant observé, il se retourna assez vite et hurla au jeune serveur de nous enlever nos bijoux de valeur et de les lui apporter. Le gosse s’exécuta. Il tremblait de tous ses membres. Les hommes ne baissèrent leurs mains que le temps d’ôter leurs montres et chaines. Les femmes se délestaient de leurs montres, bagues et colliers…
Voyant que tout se déroulait comme prévu, le type s’autorisa un mouvement de tête trahissant son enthousiasme. Il restait toutefois très nerveux.

Arrivé au tour de Jeanne, le gamin tendit la serviette repliée en guise de besace dans le creux de ses mains et s’abaissa pour recevoir les bijoux de cette dernière. Mais Jeanne perdait du temps, tant les larmes brouillant sa vue et les tremblements incessants de son corps la trahissaient. Croyant à un subterfuge, le braqueur hurlait à Jeanne de se dépêcher.
– « Ne tirez pas, je vous en prie. Je vais vous les donner. C’est juste que je n’arrive pas à les enlever », implorait-elle en s’énervant sur le fermoir de sa chaîne. « Je vous en supplie, ne tirez pas », répétait-elle dans un trémolo. « Je viens de me marier ».
– « Et alors ? Moi aussi j’ai une famille. Ce n’est pas de gaité de cœur que je fais ça. C’est pour nourrir mes gosses. Je n’ai plus de boulot à cause de cette saloperie de crise. Mes gosses n’ont rien dans leurs assiettes ! Si tu fais ce que je te dis, tu le reverras ton abruti de mari. Et c’est valable pour tous ! », lança-t-il à l’ensemble du restaurant. « Je ne suis pas là pour faire du mal, mais je n’hésiterai pas à tirer si l’un de vous essaie de faire le héros. Je veux juste un peu de fric. »
Je n’osais pas lui dire que c’était foutu pour lui. Dans la précipitation, il n’avait même pas pensé à se couvrir le visage. Sa cagoule, enfilée à la hâte en entrant dans le restaurant, était restée enroulée au sommet de sa tête. Il serait facilement identifié et arrêté. Pauvre fou. Pourvu qu’il ne s’en rende pas compte, car il serait alors capable de passer à l’acte et de tirer sur l’assistance.

Je ne sentais bizarrement pas de stress. Juste de l’irritation face à ces phrases tout droit sorties d’un mauvais film de gangster et cet amateurisme.

La caisse vidée, le gérant, fou de rage, apporta malgré lui le sac au braqueur. Il le déposait ouvert à ses pieds, suite à un ordre de ce dernier. Il regagnait ensuite sa place près de la caisse. Le jeune serveur, désormais à la limite du malaise, finissait de réunir les effets de valeur. Il les déposait dans le sac.
– « Bon, maintenant, pour y voir plus clair, je veux voir tout le monde à genoux, les mains toujours visibles. Toi, le jeune », ordonna-t-il au gamin, « tu vas me faire les sacs et les poches des clients. Et ne fais pas le con, je t’ai à l’œil. »
Je sentais le désespoir du petit blondinet. Il croyait en avoir fini en déposant les bijoux aux pieds du gars. Il commençait à peine à souffler quand son calvaire reprit. Le patron, en ayant conscience, l’ouvrait pour la première fois.
– « Je peux m’en charger. Le petit n’en peut plus, vous le voyez. »
Il n’avait pas tort. Même si cette remarque avait blessé son ego sur le moment, le gamin était blanc comme un linge.
– « Sûrement pas ! J’te fais pas confiance. Toi, tu restes dans ton coin. »
Le jeune serveur commençait à vider les poches des vestes et nos sacs. Il ne faisait pas dans le détail et prenait les portefeuilles en entier, les clés et même les mouchoirs usagés. Son regard s’excusait en croisant le nôtre au passage. J’avais pris mes effets personnels dans ma sacoche d’ordinateur. Je me rassurai car je pourrais rentrer ce soir sans trop de problème, mes clés étant restées à l’intérieur de cette pochette.
Cela faisait bientôt trois minutes que nous étions à genoux. Le braqueur hurlait au jeune de se dépêcher. Quand le sac fut rempli, le braqueur mis son arme la plus longue à l’intérieur de ce dernier tout en continuant de nous viser avec son automatique.
– « Toi, le patron, tu rejoins les autres près des tables. »
Ce dernier obtempérait de nouveau. L’homme armé commençait à reculer doucement en donnant ses directives.
– « Ne me suivez pas. Je n’hésiterai pas à tirer en public. Dehors, il y a des enfants. Alors faites très attention. Pour vous, Mesdames, consolez-vous : les assurances vous rembourseront vos biens. »
Il continuait sa progression, quand il dérapa sur une plaque de glace. Celle sur laquelle j’avais dérapé précédemment, mais personne n’était là pour le rattraper. Évidemment. Pour la deuxième fois de la journée, tout s’enchaina très vite. Comme un 33 tours passé sur un rythme de 45 tours.

En percutant le sol de son dos, un coup de feu partit, visant les vitrines de glace au- dessus de nous. Le patron, qui n’attendait que cette diversion, courut jusqu’à son comptoir et fouilla frénétiquement dans le bas de ses étagères, pour se relever armé et pointant le braqueur. La seule idée me venant sur le moment était inappropriée mais logique. Comment des gens normaux pouvaient-ils posséder autant d’armes ? Merde, après tout, nous n’étions pas aux États-Unis. Seuls les forces de l’ordre et les chasseurs étaient autorisés selon moi à en posséder. Et encore, avec un permis en règle.

Mes réflexions n’eurent guère le temps de vagabonder davantage. Devant mes yeux, s’échangeaient des coups de feu entre le gérant et le braqueur qui s’était remis sur ses pieds. Les passants dehors changeaient de trottoir, fuyant le bruit sans comprendre la situation. A travers les cris et le mouvement de fuite que prenaient les clients et mes compagnons d’infortune, le gérant avait eu le temps de dégainer son arme et viser l’homme à terre pour lui tirer ensuite dessus.

La première fois, il le manquait. La balle ricocha sur le sol, près du genou du type. Le temps de se remettre en position de tir tout en se tenant à l’abri, le braqueur avait eu le temps de tirer une rafale de balles tous azimuts. Encore déséquilibré par sa chute, il tirait sans viser. Un des cuisiniers fut touché au bras. Des débris de verres provenant des miroirs et des vitrines commençaient à pleuvoir sur nous. Le patron, évaluant la situation, préféra se mettre à l’abri sans avoir l’occasion de tirer une deuxième fois.

Je rampais en m’écorchant sur les bouts de verre parsemés sur le sol et en me couvrant la tête autant que possible. Un tir frôla ma joue alors que je tentai de me mettre à l’abri sous les tables. Cette balle se logea dans l’épaule d’Olga, qui s’écroula d’un bruit sourd au sol. Je tentais de la trainer sous la table pour la protéger des pluies de verre qui continuaient de s’abattre sur nous. Je dus renoncer sous le poids mort qu’elle représentait. J’avais fait de mon mieux, mais seul son visage était à l’abri. Elle était tétanisée par la douleur et la peur. Elle regardait dans le vide, son visage dénué de couleurs, avec des yeux grands ouverts.
– « Viens, Olga. Planque-toi. »
Les tirs reprenaient de plus belle. Le patron réussit à viser le braqueur, il l’atteignit à la cuisse, ce qui le rendit fou de douleur. Il se redressa et tira à tout va. Il sentait que sa sortie serait compromise avec une jambe en moins.

Quand tout s’écroule (L’Amazone, Chapitre 2)

Merde. Merde. Merde, ET MERDE ! Combien de balles avait cet enfoiré ? C’était incompréhensible. Je n’arrivais pas à compter. Christopher, soutenant Caroline, ainsi que d’autres clients tentèrent de prendre la fuite dans l’arrière-salle où nous étions encore en train de manger paisiblement dix minutes plus tôt. Ce fut évidemment ces derniers qui reçurent cette nouvelle bourrasque de tirs.

Tout le monde criait. Certains de terreur, d’autres de douleur. Mes yeux se fermaient de façon compulsive à chaque tir. Je tentais toutefois de les ouvrir pour voir arriver les prochains débris de verre. La scène qui se déroulait devant moi eut raison du peu de sang- froid qu’il me restait. Un hurlement sortit de ma poitrine pour finir dans un sanglot.

Le jeune serveur s’écroula, une balle dans le dos, suivi de deux clients. Le type au journal avait été touché plusieurs fois, dont une à l’épaule et l’autre sur son flanc gauche. Une jeune femme avait été arrêtée dans sa fuite par une balle reçue dans la hanche. Même si ces images auraient suffi à en traumatiser plus d’un, elles n’étaient pas à l’origine de mon cri de détresse.

Caro, ma petite Caro, était à terre, se tordant de douleur. Sa jambe saignait abondamment. Son bras était également touché. Lors du premier impact, Christopher qui la trainait alors de la main pour s’enfuir, eut le réflexe de se jeter sur elle et de la couvrir, ce qui ne l’a pas empêché de se prendre le deuxième impact. Se mettant ainsi à découvert, Christopher avait également reçu son propre lot de balles perdues. Trois tirs à l’épaule et dans le dos. Son visage inanimé, aussi blême que la mort, reposait sur le dos de Caroline, qui convulsait de douleur.

Elle ne semblait pas avoir conscience du corps de Christopher reposant sur elle. Elle se foutait des éclats de verre et des décorations murales du restaurant retombant sur son corps mutilé. Elle serrait les dents pour ne pas hurler davantage sa douleur. Sous l’effet des convulsions, son corps continuait de s’abimer sur les débris. À tel point qu’il nous était impossible de savoir si la mare de sang à ses côtés provenait de ses blessures par balle ou des entailles qu’elle se faisait seule malgré elle.

Après cette image, le temps, les cris, la douleur… plus rien n’avait d’emprise sur moi. J’avais l’impression d’être une spectatrice impuissante d’un film d’horreur dans lequel tournaient mes amis.

Les coups de feu avaient cessé. Je ne savais pas si cela était la réalité ou si je ne les entendais plus, tout simplement. Mon esprit s’était peut-être déconnecté. Je ne savais pas non plus s’il y avait d’autres blessés ou si les projectiles menaçaient encore de nous frapper. J’avais envie de courir vers Caroline et Christopher mais mes jambes ne suivaient pas. Le regard que me renvoyait Caroline était vide. Christopher ne bougeait toujours pas. Sa bouche ouverte reposait mollement sur le dos de ma collègue. Son visage était égratigné par les bouts de verre reçus. Je fis un effort qui me paraissait alors monumental pour tourner ma tête en direction de Jeanne et Stéphanie et constater les dégâts. Blotties l’une contre l’autre, elles avaient réussi à se mettre à l’abri. Elles continuaient de hurler et sangloter mais je ne les entendais pas vraiment. Mon esprit était ailleurs… ou j’étais devenue sourde. Que sais-je. Les collègues de Christopher étaient également indemnes. Me reconnectant petit à petit avec mon corps, je constatai que les tirs avaient cessé pour de bon. Non pas que l’ouïe me revint, mais les pluies de verre et débris avaient cessé. De plus, les gens autour de moi, qui étaient alors enroulés sur eux-mêmes se remirent à bouger timidement. D’abord pour se mettre à l’abri définitivement, puis pour s’occuper des blessés proches.

J’avais froid. Tellement froid. Je sentais mes membres engourdis se réveiller sous l’effet des picotis sous la peau. Retrouvant mes sens un à un, je continuais d’évaluer les dégâts. Quelque chose bougeait à mes genoux. C’était Olga. Elle sortait enfin de sa torpeur. Elle clignait des yeux, son regard perdu papillonnant de droite à gauche, scrutant de temps à autre le plafond du restaurant. Je soutenais sa tête de mes mains.
– « Olga ? Olga ? Ça va ? »
Elle me fixait d’un air étrange.
– « Olga, c’est moi. Élise. La fille du quatrième étage au boulot. Ne t’inquiète pas, c’est fini. Ça va ? »
– « Je … je m’appelle… », balbutiait-elle. Elle était encore perdue. « Je ne m’appelle pas Olga. Je m’appelle Marie. »
Un petit rire nerveux sortit de mes lèvres pour s’éteindre rapidement. Mes collègues et moi avions toujours pris soin de croiser son regard avant de lui adresser la parole. Nous ne l’avions jamais interpellé (de peur de se faire agresser). Comment pouvait-elle connaitre son surnom ?
Ce n’est lorsque je reposais sa tête doucement sur le sol pour la laisser retrouver ses esprits que je découvris le sang qui s’émanait de mon propre corps. Ce sang commençait à former sur mes propres vêtements et le sol des tâches sombres de plus en plus grosses. Effarée, je cherchais la ou les blessures.

Retour >> Chapitre 1 : La Géante

Suivant >> Chapitre 3: L’échange


L’Amazone – Roman Fantasy – faits et fiction

L’origine des Atalantes

Le roi de Calydon, Oenée, avait un fils Méléagre. Sept jours après sa naissance, les Parques vinrent dans la chambre de la jeune maman et lui annoncèrent qu’il vivra tant qu’un certain tison de l’âtre ne seraient pas consommé. Les Parques intervenant rarement pour faire des prophéties de ce genre, la jeune mama sortit du lit et arracha le tison en question du feu qu’elle éteignit et mit à l’abri. Le petit Méléagre grandit, devient la fierté de son père, bref tout se passe pour le mieux. Sauf qu’un jour, Oenée, un peu tête en l’air, oublie de faire un sacrifice à Artémis. Cette dernière, un peu offensée, lance un sanglier énorme à Calydon qui ravage toutes les cultures sur son passage. Oenée réunit les meilleurs chasseurs pour se débarrasser de la bête. Son fils fait partie de la délégation, ainsi que de nombreux héros de l’époque: Pélée, Nestor, Iphiclès… et Atalante. Fille unique d’Iasos et Clyméné, son arrivée déçu son père qui voulait un héritier mâle. Le fourbe décida d’abandonner le bébé sur le mont Parthénion, en espérant que la mort s’en chargerait. Artémis, ayant pitié du nouveau né, lui envoya une ourse pour l’allaiter. Atalante grandit, entourée de chasseurs mais elle fait le vœu de rester vierge et de porter les armes. Artémis suivait de près l’évolution  de sa protégée.

Lors de cette chasse au sanglier, beaucoup de chasseurs expérimentés refusèrent de participer si une femme faisait partie du groupe. Méléagre s’interposa et au nom de son père, déclara que la chasse serait annulée si Atalante ne pouvait en faire partie. Pourquoi cet élan de générosité? Car il était tombé secrètement amoureux de cette guerrière, même s’il était déjà marié. Les oncles de Méléagre se calmèrent sans pour autant accueillir la jeune femme à bras ouverts. Alors que la chasse commença, deux centaures qui faisaient partie du groupe, décidèrent de profiter de l’obscurité de la nuit pour violer la jeune Atalante. Bandant son arc, elle versa leur sang avant même qu’ils ne puissent la déshonorer. Le sanglier qui était dans les parages commença à charger. Deux jeunes chasseurs trouvèrent la mort. Le sanglier blessa un autre grièvement et en fit battre plusieurs en retraite. Les autres chasseurs réussirent à effleurer la bête de leurs armes. Alors que Pélée et Télamon chargèrent, l’un chuta. Le deuxième l’aida à se relever mais la bête était sur le point de les embrocher. D’une flèche, la jeune Atalante lança une de ses flèche qui se planta derrière l’oreille du sanglier qui prit la fuite. S’ensuit un assault un peu chaotique de plusieurs chasseurs qui arrivent à affaiblir l’animal tout en se blessant entre eux en raison de l’obscurité. Finalement, Méléagre porte le coup fatal, se rapproche du cadavre du sanglier, découpe et offre la peau de l’animal à Atalante en lui disant qu’elle a été la première à faire couler le sang de l’animal et dans le cas où les chasseurs n’aurait pas fini l’animal avec leurs lances, ce dernier aurait fini à succomber sous ses flèches. L’offense est grande pour les oncles de Méléagre. Chacun réclamait l’honneur de recevoir cette peau de sanglier. Méléagre, fou d’amour pour Atalante et de rage pour ces chasseurs, tua deux de ses oncles. La mère de Méléagre vit les deux corps de ses frères revenir de la chasse. En rage, elle maudit son fils qui ne put défendre Calydon quand les deux oncles survivants attaquèrent la ville et tuèrent de nombreux guerriers. La femme de Méléagre le poussa à prendre les armes et il tua les deux oncles qui lui restait. Ivre de rage, la mère de Méléagre courut chercher le tison enchanté qu’elle jeta au feu. Mais que se passa-t-il par la suite pour la pauvre Atalante?

Et bien son fourbe de père la reconnut comme sa fille (vu ses exploits à la chasse, ça aurait dommage de ne pas profiter de ce prestige). Et se fit un devoir de lui trouver un mari alors qu’elle venait à peine de franchir les marches du palais. Cela agaça notre héroïne puisque les oracles de Delphes l’avaient prévenue de ne pas se marier. En bon père grec de l’époque, Iasos ignora les voeux de sa fille et organisa déjà des rencontres. Atalante, rusée, mit une condition: si les prétendants en question ne la battent pas à la course, elle se garde le droit de les tuer. Iasos, sans se poser plus de question, accepte (à l’époque, il ne fallait pas trop en demander aux rois quant à leur logique: la gamine se faisant appeler “Atalante au pied léger”, il faut bien se douter qu’elle frôlait les records d’Usain Bolt, avec ou sans chaussures Asics). Des princes se présentent, perdent la course… et trouvent la mort. Quand arrive Mélanion, qui, petit futé, demande de l’aide à la protectrice d’Atalante, à savoir Artémis. Celle-ci le trouve à la hauteur de la jeune fille et accepter de lui filer un coup de main en lui confiant trois pommes d’or. Pendant la course, il sème les trois pommes d’or que la jeune fille ramasse en cours de chemin, quite à perdre du temps. Mélanion gagne la course, et les noces sont organisées. Mais il ne faut jamais négliger les oracles… Un peu plus tard, le jeune couple s’unit dans un lieu interdit, ce qui offense les dieux. Punis, ils sont tous deux changés en lions et ne peuvent plus profiter de leur union.


Articles recommandés